Les élections régionales de décembre 2015 ont consacré l’implantation durable du Front national en France, et plus particulièrement dans la région PACA.
Ainsi, en région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur), la liste conduite par Marion Maréchal-Le Pen a obtenu 40,6 % des voix au 1er tour, tandis que celle menée par Christian Estrosi (Union de la droite, « Ca va changer ») n’en comptait que 26,5 %. À elles seules, ces deux listes totalisent plus des deux tiers des suffrages exprimés (SE)1. Si ces résultats s’inscrivent incontestablement dans une dynamique nationale, ils confirment et accentuent l’ancrage à droite de la région depuis le milieu des années 1980, le déclin de la gauche méridionale, y compris dans certains de ses fiefs historiques, et la force du FN dans une région qui constitue l’une des bases de l’offensive de conquête lepéniste en vue de 2017.
Une région ancrée à droite et à l’extême-droite
Depuis le milieu des années 1980, PACA demeure caractérisée par un fort tropisme droitier2. Ainsi, les résultats de la droite au second tour des élections présidentielles de 1988 à 2012 dans cette région sont de 6 à 9 points supérieurs à sa moyenne nationale : lors du dernier scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy y a totalisé 57,6 % des voix face à François Hollande, contre 48,4 % au niveau national. Depuis 2012, les performances de la droite sont demeurées relativement stables lors des scrutins intermédiaires, autour de 35 % des exprimés (tableau 1).
Tableau 1 – Evolution des rapports de force au premier tour des élections en PACA et en France depuis 2010
La droite compte aujourd’hui quarante parlementaires – députés et sénateurs – en PACA, contre vingt-quatre pour la gauche. Les élections municipales de 2014 et départementales de 2015 ont également consacré la domination institutionnelle de la droite « républicaine ». Cette dernière conserve les principales villes de la région – Marseille, Nice, Aix-en-Provence et Toulon. De même, les Républicains et leurs alliés centristes de l’UDI totalisent deux tiers des élus départementaux (166 sur 252) en PACA, contre soixante-huit pour la gauche, et président cinq des six conseils départementaux de la région3.
À cette prédominance de la droite parlementaire s’ajoute l’implantation électorale du Front national. Depuis la scission mégrétiste de 1999, PACA est au cœur de l’entreprise de reconstruction par le FN de son pool d’élites locales. Lors des régionales de 2010, la liste emmenée par Jean-Marie Le Pen avait obtenu 20,3 % des voix et 21 sièges. En mars 2015, les binômes frontistes recueillaient 33,6 % des suffrages aux élections départementales. La force du FN dans la ceinture méridionale n’est pas un fait nouveau. En 1988, Jean-Marie Le Pen totalisait déjà 24,5 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle en PACA.
Force d’empêchement plus que véritable alternative jusqu’en 2015, le FN pèse depuis près de deux décennies sur les fortunes électorales de la droite provençale. En 1998, la puissance du FN permet à la gauche de s’emparer du Conseil régional, tandis que la droite se déchire sur la conduite à tenir face à la formation lepéniste. En 2010, la région n’échappera pas à la vague rose qui permet au PS et à ses alliés d’emporter 21 des 22 régions et donne à Michel Vauzelle un troisième mandat consécutif de président de la région.
Le niveau de la gauche demeure pourtant, dans cette région, traditionnellement très en-deçà de son audience nationale : au premier tour des législatives de 2012, les candidats de gauche réunissaient 37,9 % des voix en région PACA, contre 46,8 % au plan national. Depuis cinq ans, les scrutins intermédiaires ont attesté du déclin quasi-ininterrompu des partis de gauche dans la région (cf. tableau 1) : en 2010, le bloc de gauche totalisait 42,8 % des voix contre 28,5 % au premier tour du scrutin départemental de 2015.
Poussée du fn, échec de la droite et sanction de la gauche au premier tour…
La campagne des régionales s’ouvre dès le début de l’année 2015 par les tractations entre partis politiques et le choix des têtes de liste, dans un contexte de renouvellement des candidats. En premier lieu, si le nombre de listes en présence reste identique à 2010 (dix), cette stabilité de façade dissimule des évolutions importantes. Michel Vauzelle, président sortant de la région, ne se représente pas et laisse sa place à Christophe Castaner (député des Alpes-de-Hautes-Provence et élu du conseil régional), désigné par 54,3 % des militants du Parti socialiste en février 2015. Il en est de même pour Jean-Marie Le Pen qui cède la place à sa petite-fille mais également pour Thierry Mariani, remplacé par le maire de Nice, Christian Estrosi, préféré à ses rivaux par Nicolas Sarkozy.
En deuxième lieu, on observe un éclatement de la majorité sortante : la liste commune Europe Écologie les Verts/Front de gauche constitue un désaveu de la politique menée au sein du conseil régional PACA, dans lequel ils étaient alliés des socialistes depuis un mandat. Notons que cet éclatement de l’offre politique ne concerne pas que la gauche gouvernementale. Si Christian Estrosi arrive à rallier l’UDI et le MoDem derrière son nom, la droite part également en ordre dispersé : Noël Chuisano conduit une liste Debout la France (DLF), à laquelle il faut sans doute ajouter la liste Alliance écologiste indépendante (AEI) de Jean-Marc Governatori. Pour sa part, le FN affronte la concurrence de la liste Ligue du Sud de Jacques Bompard, déjà tête de liste en 2010.
Dans ce contexte, la campagne du premier tour, faiblement investie par les candidats et leurs soutiens, est peu audible. Face à une campagne de bilan, appelant au refus de la division et à la mobilisation électorale pour C. Castaner, C. Estrosi dénonce le « terrible bilan » de la gestion socialiste en PACA et au niveau national et se fait le relais du « sentiment d’abandon » des territoires régionaux. Le maire de Nice se présente alors comme incarnation du changement et rempart contre le FN. Ce dernier décline ses thèmes de prédilection, entre « patriotisme régional », « immigration massive » et dénonciation du « clientélisme régional ». M. Maréchal-Le Pen attaque la gestion de la métropole niçoise par C. Estrosi, ce qui lui permet de jouer adroitement sur la proximité entre PS et LR. La visibilité de la tête de liste frontiste semble d’ailleurs attestée ou validée par les sondages : très rapidement, elle prend la tête des intentions de vote et semble pouvoir l’emporter dans le cadre d’une triangulaire au second tour.
Au soir du premier tour et avec un total de près de 720 000 voix et 40,6 % des suffrages exprimés, les listes conduites par Marion Maréchal-Le Pen distancent largement l’union de la droite emmenée par Christian Estrosi (26,5 %) (tableau 2). La liste de gauche conduite par C. Castaner réunit à peine 16,6 % des suffrages exprimés devant l’alliance EELV/FG de Sophie Camard à 6,5 %. Le FN arrive en tête dans cinq des six départements de la région et obtient ses deux meilleurs scores dans le Var (44,6 %) et le Vaucluse (44,2 %) où cette liste totalise 26 points d’avance sur la liste PS. Dans les Alpes-Maritimes, le dissident de droite Olivier Bettati, rallié à M. Maréchal-Le Pen, échoue à 33 voix seulement derrière C. Estrosi. À Nice, ce dernier arrive en tête avec 42 % contre 34 % à la liste FN conduite par son ancien adjoint.
Tableau 2 – Résultats du 1er tour des élections régionales de 2015 en PACA par département
Ce résultat très décevant du maire de Nice dans son fief azuréen illustre plus largement l’échec des Républicains au plan régional : avec 29 % des suffrages exprimés, la droite – DLF et Union Populaire Républicaine compris – revient à son niveau historiquement bas des régionales de 2010 (29,1 %). De son côté, la gauche subit un sérieux revers : les listes Castaner (PS), Camard (EELV/FG) et Jarny (Nouvelle Donne) réunissent ensemble 23,8 % des voix, soit un reflux de 14 points par rapport aux législatives de 2012 et pas moins de 19 points au regard du score cumulé des listes soutenues par le PS, Europe Écologie et le Front de gauche en 2010 (42,8 %). C. Castaner est battu dans son fief des Alpes-de-Haute-Provence, où il totalise 29,7 % des suffrages et arrive en deuxième position derrière la liste FN (34,9 %). Dans les Bouches-du-Rhône, le PS recueille 18,6 % seulement des voix dans un contexte de poussée frontiste ; dans les Alpes-Maritimes, les voix socialistes sont réduites à la portion congrue avec 12,1 % des exprimés. M. Maréchal-Le Pen l’emporte d’ailleurs dans plusieurs bastions historiques de la gauche : à Istres (45,7 %) ou dans les fiefs du PCF à Gardanne (42,1 %), La Ciotat (39,8 %) ou Martigues (41,2 %).
Derrière les principaux candidats, l’AEI de J.-M. Governatori obtient un résultat notable avec 4,1 % des suffrages exprimés. Suivent les listes DLF de Noël Chuisano avec 2 %, L.O. d’Isabelle Bonnet avec 1,5 % des voix, UPR de Daniel Romani (0,6 %) et Nouvelle Donne de Cyril Jarni (0,6 %). La Ligue du Sud, emmenée par Jacques Bompard, sort très affaiblie du scrutin avec 1,1 % des suffrages exprimés, contre 2,7 % en 2010.
Les gains de la formation lepéniste sont substantiels : en comparaison de 2010, la liste de Marion Maréchal-Le Pen gagne plus de 423 000 voix en cinq ans en PACA. Cette tendance haussière, observable depuis 2010, s’est fortement accentuée depuis les européennes de 2014, le FN obtenant plus de 230 000 voix supplémentaires et progressant, en nombre d’inscrits, de 6,5 points en un an et demi (figure 1). Ni le PS ni les Républicains ne parviennent en revanche à tirer parti de la hausse de la participation au 1er tour du scrutin régional de 2015, qui profite essentiellement au FN. Gauche et droite parlementaires se maintiennent à leur niveau des municipales 2014 à moins de 15 % des inscrits, après la décrue constatée après les législatives de 2012.
Figure 1 – Evolution des trois blocs politiques en PACA en % des inscrits
Le glissement probable vers l’extrême droite d’électeurs LR s’appréhende à l’aune d’une conjoncture nationale porteuse pour le parti de Marine Le Pen, sur fond de crise migratoire et de malaise sécuritaire face aux attentats de Paris. Ces derniers ont pesé vraisemblablement sur le scrutin régional en PACA, comme ailleurs en France. Les sondages régionaux disponibles montrent une progression des intentions de vote en faveur du FN avant et après les attaques. L’analyse des corrélations au niveau des 42 circonscriptions législatives de PACA suggère qu’une partie de l’électorat de droite classique a pu déserter les listes d’union LR/UDI conduites par C. Estrosi au profit de La France Plein Sud de M. Maréchal-Le Pen : on observe ainsi une corrélation significative (r=0,7) entre les pertes subies par la droite et les gains du FN en pourcentages des exprimés. Notons qu’au niveau national, les enquêtes confirment cette hypothèse de radicalisation d’une partie de la droite LR au profit du FN : selon IPSOS, 19 % au total des électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012 auraient voté pour une liste du Front national au premier tour des régionales4.
Le face-à-face union de la droite-FN au second tour
Au lendemain du 1er tour, comme en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, la liste PS, conduite ici par C. Castaner, choisit de se retirer de la bataille électorale. Cette situation, inédite après dix-sept ans de règne à la tête de la région, est le fruit de consignes partisanes nationales appelant à un Front républicain et est assortie, en PACA, de l’appel lancé par Michel Vauzelle, mais aussi J.-M. Governatori pour un ralliement des électeurs à la liste conduite par C. Estrosi5. Par rapport au premier tour, la campagne est plus investie par les candidats et construite sur la « dramatisation » de l’enjeu dans un contexte de victoire désormais probable du FN.
C. Estrosi, dénoncé par les forces de gauche au 1er tour comme trop proche des thèses lepénistes, en appelle à la « résistance » du « peuple indomptable de PACA », ce qui fait étonnamment écho au slogan « La PACA, terre de résistance » de la liste FN au 1er tour. Cette rhétorique à forte teneur dramatique, qui résonne d’accents gaulliens (« extrême gravité », « large rassemblement », « sursaut républicain »…), met en garde contre le « péril » du « clan » le Pen (« faillite », « asservissement », « avec le FN, une région ruinée et archaïque »…) et promet la « libre expression de toutes les forces politiques de notre région » dans l’assemblée à venir. M. Maréchal-Le Pen, de son côté, poursuit une campagne qui ne dévie guère des thématiques traditionnelles du FN : dénonciation d’une alliance de fait entre socialistes et « ex-UMP », réquisitoire contre la gestion dispendieuse de la région par les socialistes et de la Métropole Nice Côté d’Azur par C. Estrosi, mise en parallèle d’une politique migratoire jugée laxiste et chômage, slogan performatif « Nous sommes prêts ! ».
Au soir du second tour, les listes de Christian Estrosi l’emportent largement avec 54,8 % des suffrages exprimés, confirmant les difficultés du FN lorsqu’il est en situation d’affronter la droite. Toutefois, la liste de Marion Maréchal-Le Pen arrive en tête dans le Vaucluse et talonne la liste Union de la droite dans le Var, pourtant lieu de force des Républicains (tableau 3).
Tableau 3 – Résultats du second tour des élections régionales de 2015 par département (en % des suffrages exprimés)
Les sondages d’entre-deux-tours suggèrent des reports importants des électeurs de gauche sur la liste du maire de Nice (autour de 60 % des électeurs PS et de 45 % des électeurs de la liste EELV/FG). La progression de plus de 600 000 voix des listes de droite ne peut toutefois s’expliquer par ces seuls reports6. C. Estrosi semble être allé construire en partie son succès chez les abstentionnistes du 1er tour : près d’un tiers d’entre eux aurait voté pour la liste de droite (tableau 4). Cette victoire s’inscrit dans un contexte de hausse de la participation de 8,4 points par rapport au 1er tour (60,3 % au lieu de 51,9 %), qui confirme la tendance nationale. Parallèlement, la progression de la liste M. Maréchal-Le Pen est aussi notable : au soir du 13 décembre, elle rassemble près de 887 000 électeurs, enregistrant un gain de plus de 166 000 voix entre les deux tours7. Ces reports et la mobilisation des abstentionnistes peuvent dissimuler des mobilités électorales plus complexes entre les deux tours, observables par exemple dans la hausse importante des bulletins blancs et nuls qui progressent de plus de 5 points.
Tableau 4 – Reports de voix* entre les deux tours des élections régionales en PACA
Le FN en 2015 semble pouvoir profiter de plusieurs phénomènes politiques. Tout d’abord, la stabilisation d’électeurs qui restent fidèles au vote frontiste et constituent un noyau électoral stable : ainsi, 94 % des électeurs ayant voté pour Marine Le Pen en 2012 déclarent voter pour la liste M. Maréchal-Le Pen8 au second tour des régionales, ce qui représente le plus haut niveau de fidélité électorale en 2012 et 2015. Ensuite, un potentiel électoral non négligeable, provenant principalement de la droite républicaine, voire, dans une bien moindre mesure, de la gauche9.
Les 6 et 13 décembre, la liste conduite par M. Maréchal-Le Pen obtient les meilleurs scores FN sur l’ensemble de la France (avec 45,2 % des exprimés au second tour, elle dépasse de 3 points le score de Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie) et s’offre le luxe de la plus forte progression entre les deux tours (+ 5,3 points).
2015 et au-delà : 2017 en perspective…
Les résultats du second tour donnent 81 sièges à la droite et 42 élus au FN (dont 35 nouveaux entrants)10. Depuis 2012, les élections en PACA ont témoigné de l’institutionnalisation et de la notabilisation du FN. Aux élections municipales de 2014, la région a fourni le plus gros contingent d’élus en France : 338 des 1 544 conseillers FN (22 %) étaient issus d’un des six départements PACA11. Le FN y compte également une députée – Marion Maréchal-Le Pen –, deux sénateurs, Stéphane Ravier et David Rachline12, ainsi que six de ses maires13. Si l’on ajoute désormais 42 conseillers régionaux, la formation de Marine Le Pen s’installe dans le paysage politique en PACA comme la seule force d’opposition, en mesure de contester à la droite son hégémonie, en particulier dans le Vaucluse et le Var. En projection, les résultats des régionales de 2015 dans les circonscriptions pourraient donner jusqu’à 20 sièges au FN aux législatives de 2017.
Le succès de M. Maréchal-Le Pen participe de la construction du FN comme seule « alternative » politique dans la région. La petite-fille de J.-M. Le Pen incarne à ce titre la dédiabolisation souhaitée par le mouvement, combinant radicalité et recherche de crédibilité14. Elle a pu, dans cette entreprise, profiter de plusieurs atouts : l’image du renouvellement générationnel contre les vieilles gardes partisanes, l’incarnation d’une féminisation de la classe politique, tout en réussissant à personnifier la synthèse entre les différents courants (historiques et marinistes) du FN.
Dans ce contexte, la droite méridionale sort certes victorieuse de cette confrontation électorale mais au prix d’interrogations importantes sur sa stratégie et sur son positionnement politique. Au lendemain d’une victoire dont il reconnaît la fragilité en remerciant les soutiens de la gauche, C. Estrosi affirme son hostilité au discours de plus en plus à droite des Républicains, bénéfique à la montée frontiste15. Le virage opéré à cette occasion par le maire de Nice est notable. On se souvient que C. Estrosi avait dénoncé, en février 2015 sur France 3, « une cinquième colonne islamiste » en France, craignant même une « Troisième Guerre mondiale » contre « la civilisation judéo-chrétienne ». Reprenant ces termes en juin 2015 après l’attentat perpétré en Isère, il obtenait le soutien de Nadine Morano, en s’inscrivant résolument dans le sillage de la droite « dure », incarnée par Patrick Buisson.
Ainsi les cartes sont-elles rebattues au soir du 13 décembre, à droite comme à gauche : la gauche est désormais absente du conseil régional et minoritaire dans les conseils départementaux. Elle perd de fait, non seulement des élus, mais également des relais institutionnels et des ressources dans une région devenue terre de mission.
Faute d’alliés, le FN demeure pour sa part un parti de 1er tour, pour l’instant incapable d’accéder à la présidence de régions. Ce demi-échec annonce des remises en cause pour le parti, que ce soit en interne pour trancher entre lignes idéologiques et type de leadership, que ce soit aussi en termes de stratégies politiques et médiatiques dans la perspective de 2017, comme semblent l’annoncer le nouveau slogan « La France apaisée » du FN et la réflexion que le parti veut engager sur son programme économique.
Le FN, en pénétrant de manière aussi numériquement importante le conseil régional PACA, comme d’autres en France, va bénéficier de quelques années pour former des cadres et envisager des rapprochements politiques (qui plus est dans une région où les frontières droite républicaine – FN sont traditionnellement poreuses). Cette notabilisation et cette professionnalisation de nouveaux arrivants sur la scène politique s’inscrivent dans une stratégie plus globale de conquête du pouvoir, construite sur la recherche de nouvelles alliances et des tentatives de désenclavement du parti. À ce titre, la région PACA constituera plus que jamais une base de l’offensive frontiste pour 2017.
Gilles Ivaldi
URMIS-CNRS, Université de Nice
Et Christine Pina
ERMES, Université de Nice
———-
- Ces mêmes listes totalisent un peu plus de 33 % et 55 % des suffrages des inscrits sur les listes électorales aux 1er et 2nd tours de ces élections régionales, ce qui peut tendre à relativiser une lecture portant exclusivement sur les SE. ↩
- Au plan régional, le glissement progressif vers la droite s’est opéré dès 1986 avec la victoire de la liste conduite par Jean-Claude Gaudin lors des élections régionales, performance rééditée en 1992. ↩
- En mars dernier, la gauche a conservé uniquement les Alpes-de-Haute-Provence après le passage à droite de son bastion historique des Bouches-du-Rhône et la fin de règne tourmentée de Jean-Noël Guérini. ↩
- Cf. Ipsos/Sopra Steria – Sociologie des électorats et profil des abstentionnistes, 1er tour des élections régionales pour France Télévisions, LCP, Public Sénat et Radio France (https://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2015-12-06-comprendre-vote-francais-sociologie-electorats-et-profil-abstentionnistes-au-premier-tour-elections). ↩
- Cette situation ne fait toutefois pas l’unanimité au sein de la gauche méridionale, comme l’indique la colère des maires de Briançon et la Seyne-sur-Mer au soir de la décision de retrait. https://www.ledauphine.com/politique/ 2015/12/07/la-gauche-gronde-face-au-retrait-de-castaner ↩
- La somme des voix obtenues par toutes les listes non maintenues ou non qualifiées au soir du 1er tour, quelle que soit la tendance politique, s’élève à 585 220. ↩
- Ce gain est plus de trois fois supérieur aux éventuels reports de vote des listes Chuisano (DLF) et Bompard (Ligue du Sud), là aussi non acquis de fait. ↩
- Sondage IFOP et Fiducial pour iTELE, Paris Match et Sud Radio, 9 décembre 2015. ↩
- Selon le sondage IFOP-Fiducial pour I-Télé, Paris Match et Sud Radio déjà cité, 34 % des électeurs de N. Sarkozy en 2012 déclarent avoir l’intention de voter pour la liste de M. Maréchal Le Pen au second tour des élections régionales. ↩
- La disparition des élus de gauche produit mécaniquement un taux de renouvellement exceptionnel supérieur à 80 % au lieu des 69 % observés en 2004 et 65,5 % en 2010 (vf. Christèle Marchand, Guillaume Marrel et Aurélia Troupel, « Les derniers conseillers régionaux », Pouvoirs locaux, n°88, mars 2011, pp. 128-134). ↩
- Les 338 conseillers municipaux FN en PACA se répartissent de la façon suivante : Alpes-de-Haute-Provence = 12 ; Alpes-Maritimes = 60 ; Bouches-du-Rhône = 91 ; Var = 118 et Vaucluse = 57. À titre de comparaison, 238 conseillers municipaux FN au total ont été élus en Nord-Pas-de-Calais-Picardie en 2014 (189 dans le Nord-Pas-de-Calais et 49 en Picardie). ↩
- Ils sont depuis mars 2014 respectivement maire du 7e secteur de Marseille et de Fréjus. ↩
- Camaret et Le Pontet (Vaucluse), Cogolin, Fréjus, Le Luc (Var) et la mairie du 7e secteur de Marseille (Bouches-du-Rhône). ↩
- Ainsi qu’en témoigne le soutien de candidats transfuges d’autres formations politiques : Olivier Bettati, conseiller municipal de Nice, ancien allié de C. Estrosi ; P. Vardon, ayant dirigé le Bloc identitaire ; Daniel Philippot, président du CNIP dans les Alpes-Maritimes. ↩
- La longue élaboration du concept d’énergie – Roger Balian – mars 2013 – Académie des Sciences. ↩