Sale temps pour la gauche. Xavier Bertrand s’est imposé aux élections régionales de 2015 en Nord-Picardie. Durant le cycle électoral écoulé (2012-2015), elle avait déjà perdu les élections municipales de 2014 (Amiens, Roubaix, Tourcoing notamment, sans compter la présidence de Lille-métropole), les départementales de mars 2015 (quatre départements sur cinq de la nouvelle région sont désormais administrés par la droite).
La présidence du nouveau conseil régional, issu de la fusion des régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, est désormais dans les mains de Xavier Bertrand (LR), alors que le PS administrait la région Nord-Pas-de-Calais depuis 1974 (à l’exception de la période 1992-1998, au profit de la verte Marie-Christine Blandin) et la région Picardie depuis 2004.
Trois facteurs se sont cumulés pour favoriser la victoire historique de Xavier Bertrand. La « logique des élections intermédiaires »1 a bien entendu handicapé la gauche, et singulièrement les socialistes, comme elle avait handicapé l’UMP en 2004 ou 2010. Les électeurs du parti au pouvoir ont toujours des difficultés à se mobiliser lors des élections de second ordre, provoquant ainsi mécaniquement une chute de son niveau électoral.
Un second facteur d’ordre structurel, et probablement plus inquiétant à long terme pour la gauche, doit également être relevé. De scrutin en scrutin, le FN ne cesse de parfaire son implantation dans la région Nord-Picardie, même s’il peine aujourd’hui à remporter la victoire. La hausse continue du FN dans l’électorat populaire s’effectue désormais très clairement au détriment de la gauche, qui recueille maintenant dans la région des scores nettement inférieurs à sa moyenne nationale. Tout se passe comme si ce bastion historique de la gauche était en train de se transformer en « terre de mission ».
Enfin, une troisième série de facteurs, d’ordre conjoncturel a également facilité la victoire de Xavier Bertrand. Tout s’est déroulé comme si la gauche n’avait pas pris la pleine mesure ni de la tripartition du paysage politique, ni de la dimension majoritaire du mode de scrutin régional, ni du sort funeste qui la menaçait particulièrement dans cette région Nord-Picardie. Alors que la droite a rapidement fait son unité autour du maire de Saint-Quentin, la gauche s’est présentée en ordre de dispersion au premier tour. La suite de l’histoire était écrite. Au terme d’une campagne où la tête de liste socialiste, Pierre de Saintignon, a peiné à s’imposer, Marine Le Pen est arrivée largement en tête au premier tour, devant Xavier Bertrand. Face au danger que représentait pour lui la menace d’une victoire de Marine Le Pen, le PS choisit de se retirer, pour laisser au second tour Xavier Bertrand seul en piste face à la présidente du Front national. Alors qu’il n’avait recueilli que 25 % des suffrages exprimés au premier tour, Xavier Bertrand fut largement élu au second tour.
Acte I – « deux pauvres n’ont jamais fait un riche »
Quand François Hollande rend son ultime arbitrage début juin 2014, quelques jours après le désastre des élections européennes, et décide de fusionner les régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, il provoque la zizanie parmi ses amis socialistes. Les plus irrités sont incontestablement les socialistes du Nord, et plus particulièrement les « Lillois », Martine Aubry en tête : « On ne peut pas, sans discussion et brutalement, vouloir fusionner deux régions en grande difficulté. C’est une aberration économique et sociale que nous condamnons », écrit la maire de Lille dans un communiqué, le 15 juillet 20142. Gilles Pargneaux, alors premier secrétaire de la fédération du Nord est encore plus « cash » : « Deux pauvres n’ont jamais fait un riche »3. Les problèmes socio-économiques des deux territoires et les difficultés supposées de la future grande région à les résoudre ne sont pas les seules raisons qui motivent l’ire des socialistes lillois. Selon Bernard Roman, la fusion risque d’« ouvrir un boulevard au Front national »4.
Cette crainte s’appuie notamment sur l’analyse des élections européennes de mai 2014. Dans la région Nord-Picardie, Marine Le Pen a obtenu 36,3 % des suffrages exprimés (35,2 % dans le Nord-Pas-de-Calais et 38,4 % en Picardie), soit 11,3 points de mieux que sa moyenne nationale. Le PS du Nord en tire deux conclusions : les régionales de décembre 2015 s’annoncent difficiles ; la fusion complique encore l’exercice.
La région Nord-Picardie n’a pas toujours été frontiste5. Lorsque l’extrême-droite s’installe à nouveau dans la vie politique française, au début des années 1980, elle n’y connaît, dans un premier temps, qu’un succès mitigé et extrêmement localisé. Lors des élections européennes de 1984, à Roubaix et plus largement en France, le vote Front national est donc d’abord le vote des « beaux quartiers ». Alors qu’il recueille un peu plus de 11 % des suffrages exprimés en France métropolitaine, il atteint par exemple 15,5 % dans le VIIe arrondissement de Paris et plus de 16 % dans le XVIe arrondissement. Comme le souligne Pascal Perrineau, dans cette première phase de la montée du Front national, le succès de l’extrême-droite « s’alimente, pour une bonne part, au courant de protestation politique qui traverse l’électorat de droite désarçonné par sa défaite de 1981 »6. La candidature de Simone Veil, dont le nom est associé à la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse votée dix ans plus tôt, fait figure de repoussoir pour une frange de l’électorat de droite tentée par une opposition plus radicale à François Mitterrand. Dans le Nord-Pas-de-Calais, région populaire où la droite est plus faiblement implantée qu’ailleurs, Le Pen ne recueille alors que 9,1 % des suffrages exprimés, soit deux points de moins qu’en France métropolitaine, tandis qu’en Picardie la liste frontiste obtient un score proche de sa moyenne nationale (10,8 % en Picardie) (tableau 1).
Tableau 1 – Score relatif au FN aux élections européennes en Nord-Pas-de-Calais et Picardie depuis 1979 (en % des suffrages exprimés)
Très vite, toutefois, s’ouvre une seconde phase de la montée du Front national. Celui-ci va trouver audience parmi les catégories populaires, en surfant sur la désespérance sociale. Comme le rappelle Pascal Perrineau, la mutation est spectaculaire : « En 1984, 4 % de l’électorat se positionnant à gauche et 8 % de l’électorat ouvrier déclaraient avoir voté pour la liste Le Pen aux européennes ; en 1995, c’étaient 9 % et 30 % des mêmes électorats qui choisissaient un bulletin au nom de Le Pen lors du premier tour de l’élection présidentielle (sondages post-électoraux, Sofres) »7. La mutation de l’électorat frontiste conduit à une transformation de la géographie du vote FN. Comme le souligne Nonna Mayer, « entre les élections législatives de 1993 et 1997 c’est dans les départements du Nord et du Nord-Est que le FN a le plus progressé (…), dans des régions où le poids électoral des ouvriers oscille entre un cinquième et un quart »8. Et Pascal Perrineau ajoute : « Cette France de la poussée lepéniste comprend la plupart des départements touchés par le processus de destructuration industrielle des années soixante-dix et quatre-vingt. Dans ces terres souvent populaires, atteintes de plein fouet par la crise économique et sociale et la crise urbaine, la « fracture sociale » a peu à peu débouché sur une véritable « fracture politique » »9. Sa démonstration s’appuie notamment sur une analyse par canton fondée à la fois sur des données sociales et électorales. « Dans l’ensemble des cantons à forte présence ouvrière, souligne-t-il, Jean-Marie Le Pen connaît une croissance (…) beaucoup plus importante que sa croissance nationale »10. C’est précisément à partir de cette époque que le Front national recueille dans la région Nord-Pas-de-Calais comme dans la région Picardie un score systématiquement supérieur à la moyenne nationale. Ce mouvement s’enclenche dès les européennes de 1994, où il réalise, comme en 1999, 2 points de plus que sa moyenne nationale (tableau 1). Cette dynamique n’est pas propre aux scrutins nationaux, mais touche tous les scrutins – hors les élections municipales – du cycle électoral 1995-2002.
Une troisième phase s’ouvre au milieu des années 2000. Le FN consolide son implantation dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie (tableau 2). Il y obtient de 3 à 7 points de mieux que sa moyenne nationale quel que soit le scrutin accréditant l’hypothèse de la droitisation de l’électorat populaire, mise en évidence par Pierre Martin au milieu des années 199011.
Tableau 2 – Score relatif au FN en Nord-Pas-de-Calais et Picardie selon le type de scrutin de 2004 à 2012 (en % des suffrages exprimés)
Une quatrième phase s’est ouverte en 2014, soit deux ans après le retour de la gauche au pouvoir, avec une très forte poussée du Front national tant dans le Nord-Pas-de-Calais qu’en Picardie. Aux élections européennes de 2014, le FN obtient 10 points de mieux que sa moyenne dans le Nord-Pas-de-Calais, et 13 points de mieux en Picardie. Le cœur de l’électorat de gauche est désormais touché, comme le montre le score du FN dans des communes historiquement acquises au PS ou au PC. Le FN recueille ainsi 53 % des suffrages exprimés à Hénin-Beaumont, conquise lors des municipales de 2014, et des scores particulièrement élevés dans les anciens bastions socialistes ou communistes du bassin minier. Il obtient ainsi 47 % des suffrages exprimés à Harnes et réalise plus de 42 % à Carvin, Liévin, Noeux les Mines ou Méricourt, dans le Pas-de-Calais. Dans le Nord, il dépasse aussi 40 % à Hautmont, Denain ou, sur le littoral, à Grande-Synthe. Mais le plus frappant est la diffusion du vote FN en zone rurale, notamment en Picardie. Marine Le Pen dépasse les 40 % dans 29 des 42 cantons de l’Aisne, 24 des 41 cantons de l’Oise, et 23 des 46 cantons de la Somme.
Tableau 3 – Score relatif au FN en Nord-Pas-de-Calais et Picardie aux européennes de 2014, départementales et régionales de 2015 (en % des suffrages exprimés)
Comment expliquer ce phénomène ? Le Nord-Picardie n’est pas une région d’essence frontiste. Il se trouve que cette grande région concentre simplement un certain nombre de propriétés sociales, qui sont toutes des vecteurs du vote frontiste. D’élection en élection, le vote FN est structuré par les mêmes variables. Il est notamment fortement lié à l’âge (les jeunes ont une propension à voter FN plus forte que les classes d’âge plus élevé), la catégorie sociale, le niveau de diplôme et le niveau de revenus. Or, il se trouve que la région Nord-Picardie est une région « jeune » (la plus « jeune » de France métropolitaine : un tiers de sa population a moins de 25 ans), « populaire » (en 2012, elle compte 28,4 % d’ouvriers contre 23 % en France métropolitaine et un peu plus d’employés que la moyenne nationale : 28 %, soit un point de plus). Elle est aussi « peu diplômée » (en 2014, le taux de non diplômés est de 20,5 %, contre 17,6 % pour la France métropolitaine, tandis que les diplômés du supérieur, bac+2 et plus, ne sont que de 21 %, contre 25,7 % au niveau national)12. Cette région est aussi marquée par un chômage important (en 2014, 12,2 % contre 9,7 % à l’échelon métropolitain), et par un taux de pauvreté le plus élevé de la France hexagonale (18,1 % contre 14,3 %). Toutes ces caractéristiques expliquent très largement l’implantation croissante du FN dans la nouvelle région Nord-Picardie.
Acte II – L’offre électorale : droite unie et gauche en miettes face au FN
Quatre questions étaient pendantes début 2015.
La première concernait la candidature de Marine Le Pen. Cette dernière semble avoir hésité quelque temps, devant la difficulté d’articuler une campagne régionale avec une future candidature à la présidentielle de 2017. Une défaite, disait-on au printemps 2015, aurait pu l’affaiblir politiquement ; une victoire l’aurait obligée à s’investir dans la gestion quotidienne du conseil régional, au risque de négliger sa campagne présidentielle. Finalement, le – faux ? – suspens prit fin le 30 juin 2015, lorsque Marine Le Pen annonça à Arras sa candidature en tant que tête de liste au scrutin régional.
La seconde question intéressait au premier chef le PS. Qui pour conduire la liste régionale et prendre éventuellement la succession de Daniel Percheron, qui ne se représentait pas ? Depuis l’origine, le conseil régional Nord-Pas-de-Calais a fait l’objet d’une savante alternance entre les deux fédérations socialistes de la région. À Pierre Mauroy (1974-1981) succéda ainsi Noël Josèphe (1981-1992) puis, après la présidence de l’écologiste Marie-Christine Blandin (1992-1998), le Nord récupéra la présidence au profit de Michel Delebarre (1998-2001) qui, touché par le cumul des mandats, laissa son fauteuil en 2001 à Daniel Percheron. Les « Nordistes » considéraient ainsi que la tête de liste devait leur revenir en 2015.
Pendant un temps, le scénario d’une alternance douce sembla se dessiner au sein du Nord-Pas-de-Calais, à la faveur d’un rapprochement entre les deux fédérations socialistes, dont les chamailleries émaillent l’histoire de ces trente dernières années. Daniel Percheron soutint ainsi Martine Aubry lors du congrès de Reims, en 2008. Audrey Linkenheld, très proche de la maire de Lille, fit même partie du cabinet du président du conseil régional, de 2008 à 2011. Mais la situation se détériora en 2012, avec la mise sous tutelle de la fédération PS du Pas-de-Calais, alors que Martine Aubry était encore première secrétaire. Dès lors, l’hypothèse d’une transition en cours de mandat, si elle fut jamais envisagée, fut définitivement abandonnée. Daniel Percheron le rappela sans fard à quelques semaines du scrutin régional de 2015, « J’ai soutenu (Martine Aubry) pour qu’elle soit premier secrétaire. Dans la section de Liévin de Jean-Pierre Kucheida et à bulletin secret, en présence de huit observateurs parisiens, elle a obtenu 77 % des voix sur 1 000 votants. Quand on sait qu’elle a gagné de quelques voix, on mesure que la section de Liévin, toute kucheidienne qu’elle était, était particulièrement aubryste. (…) Ce qui rend les choses, oui je pense, au sein du mouvement ouvrier, difficilement pardonnables. »13. Daniel Percheron termina donc son mandat.
Deux autres personnalités se sont un temps interrogées sur l’opportunité d’être « candidat à la candidature » face à Pierre de Saintignon. L’ancien ministre et maire de Boulogne Frédéric Cuvillier, un temps intéressé, se contenta finalement de conduire la liste socialiste dans le Pas-de-Calais. Mais son tweet du 31 décembre en dit long sur son amertume : « Un vœu pour 2016, que PDS se taise… Et médite ». Claude Gewerc, président sortant du conseil régional Picardie, pensait lui aussi pouvoir légitimement prétendre à la présidence de la grande région. Mais, au dernier moment, lâché par la plupart des responsables socialistes picards, celui-ci renonça à être « candidat à la candidature » et démissionnera d’ailleurs du PS quelques jours après les régionales. À quelques semaines du congrès de Poitiers, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait pour premier objectif de ne pas froisser Martine Aubry, au risque de l’inciter à rejoindre les frondeurs. Il mit tout son poids dans la balance pour imposer la candidature de Pierre de Saintignon. Comme le racontera après la campagne Claude Gewerc lui-même : « Le premier secrétaire du parti [Jean-Christophe Cambadélis] a dit, une dizaine de jours avant la date prévue pour la réception des candidatures, on a de la chance, on a un bon candidat, Pierre de Saintignon. Mes amis de mon département et de la région, pour avoir des places, se sont ralliés à cette hypothèse. Puis je n’ai pas eu de coup de fil du national pendant huit mois. Jusqu’au moment où on a senti que la campagne ne prenait pas et où on m’a demandé de donner un coup de main. J’ai dit non »14. Seul prétendant déclaré, Pierre de Saintignon fut donc désigné candidat début février 2015.
Le troisième point d’interrogation touchait à la tête de liste Les Républicains. La question fut rapidement tranchée durant l’hiver 2015. Si Marc-Philippe Daubresse, député-maire de Lambersart (Nord) et Gérald Darmanin, député-maire de Tourcoing (Nord) firent un rapide tour de piste, tous deux se rallièrent à la candidature de Xavier Bertrand dès qu’elle fut déclarée.
Enfin, la quatrième question, sans doute la plus importante, avait trait aux alliances des uns et des autres. Le poids du Front national dans la région, et la perspective que Marine Le Pen arrive largement en tête au premier tour, dessinaient un nouveau contexte. Chacun subodorait que l’ordre d’arrivée, le soir du premier tour, pourrait avoir une influence décisive sur la configuration du second tour et donc sur l’issue du scrutin. À droite, l’union derrière Xavier Bertrand se dessina rapidement, l’UDI renonçant à faire cavalier seul. Comme partout ailleurs, la droite réussit à faire liste unique. La gauche, en revanche, se présenta en ordre dispersé. Alors que durant l’hiver 2015 l’hypothèse d’une alliance dès le premier tour entre le PS et EELV apparaissait crédible, les écologistes décidèrent d’une autre stratégie. Faute d’arriver à faire alliance avec le PC, ils présentèrent une liste commune avec le seul Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon. Trois listes de gauche étaient donc en concurrence au premier tour. Avec le recul, la division de la gauche apparait suicidaire. Si la position du Parti communiste peut se comprendre politiquement, celle des écologistes est plus difficile à saisir puisqu’ils furent associés à l’exécutif régional pendant toute la mandature. La seule lecture rationnelle est de considérer qu’EELV a parié sur la défaite de Pierre de Saintignon et sur son incapacité à se maintenir au second tour. En proposant une alternative à gauche, les écologistes misaient en fait sur l’effondrement du PS et nourrissaient le fol espoir de franchir la barre des 10 % des suffrages exprimés ce qui leur aurait permis de se maintenir au second tour quand le PS se serait retiré. Si un tel scénario s’était réalisé, ils auraient ainsi incarné, seuls, l’opposition de gauche au conseil régional pendant la prochaine mandature.
Acte III – La campagne. Pierre de saintignon et l’ombre de Martine Aubry
La campagne électorale a été dominée par le « jeu » plus que par les enjeux, au demeurant peu connus des électeurs15. Deux questions ont hanté la première partie de la campagne, rendant Pierre de Saintignon inaudible sur le fond.
La première concernait sa propre candidature. Moins connu que Xavier Bertrand et Marine Le Pen, distancé dans les sondages, la seule question qui a vraiment intéressé la presse jusque la Toussaint fut celle de son éventuel retrait, au profit de Martine Aubry. Cette petite musique a parfois été entretenue par des responsables socialistes. Pour Daniel Percheron, Pierre de Saintignon « n’était à l’origine pas dans la situation d’être naturellement candidat », et il ajoute, « Dans la Région, en situation d’affronter une élection très nationalisée, des personnalités semblaient s’imposer. Je pense notamment à Martine Aubry »16. Celle-ci est obligée de rappeler régulièrement pourquoi elle n’est pas candidate : « Il (Pierre de Saintignon) connaît mieux la région que moi » dit-elle au début de l’été17. « Je ne prends pas d’engagement que je ne peux pas respecter, et je suis contre le cumul », continue-t-elle au début de l’automne, en ajoutant : « Pierre de Saintignon est le meilleur candidat »18. Les rumeurs reprennent pourtant de plus belle en octobre, faisant part de l’intention du Premier ministre d’appeler la maire de Lille « à prendre ses responsabilités ». Celle-ci répond sèchement le 25 septembre, au micro de France Inter : « Est-ce que vous avez testé mon nom ? Cette petite musique que j’entends depuis deux-trois jours, elle m’hallucine ! Est-ce qu’on peut vraiment dire que madame Le Pen monte dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie parce que Martine Aubry ne s’est pas présentée ? J’habite pas en Paca, j’habite pas dans les autres régions de France. Est-ce qu’il faut que je me présente dans toutes les régions de France ? Bon, alors qu’on arrête »19. Tout ce bruit autour d’un éventuel retrait de Pierre de Saintignon au profit de Martine Aubry parasite évidemment son début de campagne, et l’empêche d’être audible sur le fond. Sa candidature ne cessera d’être médiatiquement contestée qu’au lendemain du débat qui l’oppose à Marine Le Pen et Xavier Bertrand, le 27 octobre sur Europe 1 et I-Télé. Si ce débat ne bougea guère les lignes, du moins eut-il pour effet de clore définitivement l’hypothèse d’un changement éventuel de tête de liste au PS.
La seconde question concerne le second tour. Pour Xavier Bertrand, la question ne se pose pas. « Je serai au premier et au deuxième tour avec le même projet et avec la même liste, les choses sont claires »20 dit-il dès son entrée en campagne. Il ne variera pas de discours tout au long de la campagne. En revanche, Pierre de Saintignon ne cesse d’être interrogé sur son attitude entre les deux tours, au cas où il arriverait en troisième position. Le débat est au demeurant alimenté par ses propres camarades. A quelques heures du débat télévisé du 27 octobre, Manuel Valls déclare : « Il est hors de question de laisser le Front national gagner une région »21, validant ainsi implicitement l’hypothèse d’un retrait de la liste socialiste au soir du premier tour.
À un mois du premier tour, aucun enjeu ne structurait véritablement la campagne, ce qui laissait augurer d’une très forte nationalisation du scrutin. Après les attentats du 13 novembre, la campagne « régionale » ne démarra jamais véritablement. Mais, évidemment, les questions liées à la lutte contre le terrorisme, à l’insécurité et à l’immigration cannibalisèrent le débat politique national. Ceci explique sans doute que, dans la région Nord-Picardie comme dans toutes les autres régions, le niveau des intentions de vote en faveur du FN ne cessèrent de monter dans les semaines précédant le scrutin. Par rapport aux enquêtes réalisées début septembre, le FN réalisera finalement 7 points de mieux (tableau 4). Malgré le regain – éphémère – de popularité du couple exécutif, les intentions de vote en faveur de la liste PS ne décolleront véritablement jamais. En revanche, la liste Les Républicains menée par Xavier Bertrand – à l’image de ce que l’on observera dans d’autres régions – suivra une tendance baissière, tandis que la liste de Sandrine Rousseau, un temps mesurée à 10 %, finira sous la barre des 5 % des suffrages exprimés.
Tableau 4 – Evolution des intentions de vote – région Nord-Picardie (septembre/novembre 2015)
Acte IV – Le premier tour. Un « 21 avril » régional
Avec plus de 40 % des suffrages exprimés dans la région Nord-Picardie, soit 12 points de mieux que sa moyenne nationale, Marine Le Pen arrive largement en tête du premier tour. De ce point de vue, les régionales 2015 sont complètement « en ligne » avec les européennes 2014. D’une régionale à l’autre, son implantation s’est renforcée de manière aussi spectaculaire (tableau 8) que ce que l’on avait pu mesurer des européennes de 2009 à celles de 2014 (tableau 1).
Ce niveau très élevé s’explique avant tout par la composition sociale de la région, autrement dit par les « variables lourdes » du vote frontiste, comme indiqué précédemment, mais aussi par un « sur-vote » régional en faveur du FN dans les catégories sociales où celui-ci dispose d’un fort pouvoir d’attraction. C’est ainsi que le « sur-vote » frontiste chez les moins de 35 ans s’élève à 36 % dans la région (contre 33 % en France). Il atteint 53 % chez les ouvriers et 43 % chez les employés (contre respectivement 51 % et 38 %) et 36 % chez les électeurs ayant un niveau de diplôme inférieur au Bac22.
Sur le plan territorial, la liste menée par Marine Le Pen arrive en tête du premier tour dans l’ensemble des départements de la nouvelle région (tableau 5). Dans le Nord, elle n’obtient « que » 37 %. Mais il s’agit d’un chiffre en trompe l’œil. Dans la métropole lilloise, le FN obtient des scores nettement inférieurs à sa moyenne régionale, notamment dans les villes « bourgeoises » telles que Marcq-en-Baroeul, Bondues, Croix, Lambersart (respectivement 18,4 %, 19,8 %, 26,4 %, 23,1 %). En revanche, en dehors de la métropole lilloise, elle obtient des résultats sensiblement identiques – voire supérieurs – à sa moyenne régionale : 40,7 % à Dunkerque, 41,6 % à Maubeuge, 44,0 % à Caudry, 44,2 % à Sin-le-Noble, ou encore 47,7 % à Denain.
Tableau 5 – Score au premier tour du Front national aux régionales 2015 selon les départements de la région Nord-Picardie (en % des suffrages exprimés)
La forte progression du FN dans la région s’effectue au détriment de la gauche (PS, PC et EELV) qui, d’une régionale à l’autre, perd 20 points dans le Nord-Pas-de-Calais et 24 points en Picardie. Mais évidemment ces chiffres doivent être contrôlés et resitués dans le temps long. Alors que, depuis 1986, la gauche réalisait systématiquement un score de 6 à 7 points supérieur à sa moyenne nationale dans la région Nord-Pas-de-Calais, ce « sur-vote » avait disparu en 2010 (tableau 6). Cette fois, l’ensemble de la gauche obtient 5 points de moins que sa moyenne nationale. La gauche décroche encore plus brutalement en Picardie, où ses listes ne réunissent que 24 % des suffrages exprimés soit 11 points de moins que sa moyenne nationale. Inversement, les scores relatifs de la droite et du centre ne s’effondrent pas. Ils se redressent même légèrement. Depuis 1986, la droite réalise systématiquement des scores inférieurs à sa moyenne nationale, tant en Nord-Pas-de-Calais qu’en Picardie (tableau 7). Mais jamais les écarts à la moyenne nationale observés n’ont été aussi faibles qu’en 2015 : la droite obtient en Picardie un résultat conforme à sa moyenne nationale, et seulement 4 points de moins en Nord-Pas-de-Calais.
Tableau 6 – Score relatif à la gauche aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais et Picardie depuis 1986 (en % des suffrages exprimés)
Tableau 7 – Score relatif à la droite aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais et Picardie depuis 1986 (en % des suffrages exprimés)
Tableau 8 – Score relatif à l’extrême droite aux élections régionales en Nord-Pas-de-Calais et Picardie depuis 1986 (en % des suffrages exprimés)
Avec un Front national en tête, avec plus de 40 % des suffrages exprimés, la physionomie du scrutin allait s’en trouver complètement changée. Il faut rappeler que le mode de scrutin régional actuellement en vigueur a été élaboré à la veille du scrutin de 2004 pour offrir, en cas de triangulaire, une majorité de sièges à la liste arrivée en tête au second tour quel que soit son score. Une triangulaire en Nord-Picardie aurait ainsi très probablement offert la victoire au FN et la présidence du conseil régional à Marine Le Pen.
Évidemment, chacun avait ces éléments là en tête bien avant les résultats du premier tour. La construction du scénario du second tour était fonction de trois paramètres.
Le premier concernait le niveau du FN. Un niveau « trop faible », rendant improbable sa victoire au second tour, n’aurait pas dissuadé la gauche et la droite de se maintenir toutes les deux au second tour ; mais un niveau « trop élevé », rendant a priori inéluctable la victoire de Marine Le Pen au second tour, n’aurait pas constitué une incitation assez forte pour que la gauche (ou la droite) se sacrifie et renonce à toute représentation pendant six ans. Avec 40 % des suffrages au premier tour, le niveau du FN était suffisamment élevé pour garantir pratiquement sa victoire en cas de triangulaire, et suffisamment éloigné de la barre symbolique des 50 % pour laisser penser que Marine Le Pen pouvait être battue en cas de duel.
Les résultats des autres listes constituaient le second paramètre. Avant le premier tour, les uns et les autres mettaient en avant des critères différents, en fonction de la façon dont ils anticipaient les résultats. La gauche, divisée, redoutait que Pierre de Saintignon arrive en troisième position au premier tour. Mais elle espérait que le total des voix de gauche serait (nettement) supérieur au total des voix de droite. Trois jours avant le premier tour, Martine Aubry déclarait ainsi : « Nous verrons dimanche soir, où nous en sommes et chacun devra prendre ses responsabilités. Mais si la gauche est devant la droite républicaine, il faudra que la droite républicaine la prenne (sa responsabilité, NDLR) »23. Xavier Bertrand et la droite, escomptant arriver en seconde position, misaient sur l’ordre d’arrivée du premier tour, suggérant ainsi que Pierre de Saintignon devrait, dans ce cas, se retirer. Le 25 octobre, par exemple, Xavier Bertrand déclarait : « Tout le monde a compris que ça se jouerait entre le Front national et nous, moi et mes amis, et que cette élection sera certainement serrée, mais qu’au final nous passerons devant et nous gagnerons »24. Les résultats du premier tour mirent d’emblée le PS en situation difficile. Non seulement la liste menée par Pierre de Saintignon arriva en troisième position, mais le total des voix de gauche (28,2 % des suffrages exprimés) était inférieur au total des voix de droite (28,8 %).
Enfin, le troisième élément renvoyait au positionnement des uns et des autres sur l’échiquier politique. D’une part, la position des appareils partisans vis-à-vis du Front national n’est pas identique. La droite campait fermement sur le « Ni-Ni », en se tenant à équidistance de la gauche et du FN. Même si le PS était divisé sur la question, Manuel Valls donna le ton en déclarant notamment qu’il fallait « tout faire » pour empêcher le FN de diriger une région, évoquant le « drame » que constituerait l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence de Nord-Pas-de-Calais-Picardie25. En d’autres termes, à la différence du Parti socialiste, la droite pouvait prendre le risque politique de se maintenir au second tour quitte à faire élire le Front national. D’autre part, la position des électeurs de gauche et de droite n’est pas symétrique. Les sondages d’intentions de vote réalisés avant le premier tour confirmaient que les électeurs de droite se partageraient entre le vote de Saintignon, l’abstention ou le vote blanc ou nul en cas de retrait de la liste Bertrand au second tour tandis, que les électeurs de gauche voteraient massivement pour Xavier Bertrand en cas de duel droite-FN26. Xavier Bertrand faisait ainsi figure de « candidat médian » et se trouvait beaucoup mieux placé que Pierre de Saintignon pour battre Marine Le Pen au second tour. Une enquête menée fin novembre dans la nouvelle région montrait ainsi qu’en cas de duel au second tour, Pierre de Saintignon serait battu par Marine Le Pen (48 % contre 52 %), alors que Xavier Bertrand serait en mesure de l’emporter (50,5 % contre 49,5 %27.
Le soir du premier tour, « la messe est dite ». À partir du moment où 1°) Xavier Bertrand devançait Pierre de Saintignon ; 2°) le total des voix de gauche n’était pas supérieur au voix de droite ; 3°) Xavier Bertrand persistait, y compris le soir du premier tour, à déclarer qu’il aurait « la même liste et le même projet au premier et deuxième tours », Pierre de Saintignon n’avait d’autres choix que de se retirer, ce qu’il fit dès le soir du premier tour.
Acte V – Le second tour. Le FN face à un plafond de verre ?
Les sondages réalisés avant le premier tour laissaient augurer d’un second tour extrêmement serré. Pourtant, le 13 décembre, Xavier Bertrand l’emporte largement (57,8 % contre 42,2 %).
Comment expliquer ce succès, plus large que prévu ? Deux facteurs doivent être examinés : la plus grande mobilisation de l’électorat au second tour et les reports de voix d’un tour à l’autre.
Le second tour a, d’une part, été marqué par un sursaut de la participation électorale : 61,2 % contre 54,8 %, soit un bond de plus de 6,4 points. Ce phénomène n’est certes pas inhabituel : pour mémoire, en 2010, la participation avait progressé d’un tour à l’autre de 4,7 points dans le Nord-Pas-de-Calais et de 5,6 points en Picardie. En 2004, elle avait augmenté respectivement de 2,4 et 4,3 points. En 2015, cependant, le phénomène est remarquable, par son intensité et par sa nature : il ne s’agissait plus cette fois d’une triangulaire mais d’un duel, qui avait laissé « orphelins » les électeurs de gauche du premier tour.
Le comportement de ces électeurs « orphelins » constituait, d’autre part, le grand point d’interrogation de ce second tour. Tant les enquêtes d’opinion réalisées tout ou long de la campagne que l’analyse des résultats des deux tours du scrutin tendent à montrer que le large succès de Xavier Bertrand tient davantage à la qualité des reports de voix recueillis par la gauche au premier tour que de la sur-mobilisation du corps électoral.
La matrice des reports de vote, que l’on peut construire à partir des résultats du premier et du second tours recueillis au niveau communal, montre que, si environ 1/5 des abstentionnistes du premier tour ont participé au second tour, ceux-ci se sont à peu près équitablement répartis entre Xavier Bertrand et Marine Le Pen (tableau 9). On comprend mieux pourquoi cette dernière a gagné plus de 100 000 voix d’un tour à l’autre, alors qu’elle ne disposait a priori d’aucune réserve au second tour. Cette matrice montre aussi que les électeurs de gauche du premier tour ont massivement voté pour Xavier Bertrand au second tour : 80 % des électeurs de Pierre de Saintignon (PS) et de Sandrine Rousseau (EELV) et 50 % de ceux de Fabien Roussel (PC) ont glissé un bulletin de vote Les Républicains dans l’urne le 13 décembre pour faire barrage au Front national.
Tableau 9 – Matrice des reports de vote 1er/2e tour – Région Nord-Picardie (3 837 communes)
Xavier Bertrand a ainsi profité d’une véritable dynamique durant l’entre-deux tours.
Les intentions de vote réalisées avant le premier tour montraient que, dans l’hypothèse d’un duel droite-FN au second tour, l’électorat de gauche se partageait alors à peu près équitablement entre le vote Bertrand et l’abstention (ou le vote blanc)28. Ceci laissait alors entrevoir un duel particulièrement incertain entre Xavier Bertrand et Marine Le Pen.
Mais entre les deux tours, le paysage avait déjà changé. Les 2/3 des électeurs de gauche du premier tour indiquaient alors leur intention d’aller voter « pour faire barrage au Front national »29, laissant augurer d’un succès de Xavier Bertrand plus large que prévu.
La mobilisation et la détermination des électeurs de gauche se sont encore accentuées dans les tous derniers jours, voire les toutes dernières heures précédant le scrutin puisque l’analyse des résultats du scrutin laisse penser que près des 4/5 des électeurs socialistes ou écologistes ont finalement voté pour Xavier Bertrand. La dramatisation du scrutin, la perspective – crédible – de voir Marine Le Pen l’emporter et la clarté des consignes de vote données par les principaux responsables politiques de gauche, nationaux ou locaux (à commencer par Martine Aubry et Pierre de Saintignon lui-même) ont, sans aucun doute, puissamment contribué à mobiliser l’électorat de gauche.
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La progression du FN dans la région Nord-Picardie, en particulier lors des dernières élections régionales de 2015, n’est pas accidentelle. Elle renvoie à la spécificité de la composition sociale de cette région. L’électorat populaire (ouvriers, employés…), qualifié par le FN de « France des oubliés », est démographiquement important. Cet électorat a longtemps voté à gauche avant de se radicaliser progressivement mais durablement vers le Front national. Au fil des scrutins, le FN national a non seulement fidélisé ces électeurs mais a aussi élargi son assise sociologique. Surfant dans la lignée de son père sur les thèmes de l’immigration, de la sécurité et de la désespérance sociale, Marine Le Pen n’a eu de cesse lors de ces derniers scrutins de décliner son discours sur les « territoires oubliés ». Son message a été entendu puisque les territoires périurbains et ruraux de la région Nord-Picardie lui ont massivement accordé leur soutien, tandis que les grandes villes restent plus réticentes.
Tableau 10 – Résultats des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015 – région Nord-Pas-de-Calais-Picardie
Après avoir perdu les municipales et départementales, la gauche – divisée – a été contrainte de jeter l’éponge dès le soir du premier tour, pour laisser Xavier Bertrand, seul face à Marine Le Pen, l’emporter au second tour.
Sur le plan politique, toutefois, les résultats du scrutin posent question à chacune des trois principales familles politiques du pays.
Xavier Bertrand a certes remporté largement le scrutin, mais il n’avait réuni que 25 % des suffrages exprimés au premier tour. La droite pourra-t-elle élargir durablement son audience dans la région Nord-Picardie, sous peine de perdre la présidence du conseil régional dans six ans ?
Marine Le Pen a certes totalisé plus de 40 % des suffrages exprimés, mais le second tour a rappelé que le FN n’était pas encore en mesure de rassembler plus d’un votant sur deux au second tour. Parviendra-t-il à l’avenir à briser ce plafond de verre qui l’empêche localement de l’emporter et qui entrave nationalement sa marche vers le pouvoir ?
La gauche, enfin, a subi une très lourde défaite, due tout autant à la défiance de l’électorat populaire qu’à son morcellement. Si le premier tour des élections législatives avait eu lieu le 6 décembre dernier, elle aurait été éliminée au premier tour dans 80 % des circonscriptions de la région Nord-Picardie. Saura-t-elle durablement tirer les leçons du scrutin ?
Bernard Dolez
Professeur à l’Université Panthéon-Sorbonne
Et Annie Laurent
Directrice de recherches émérite au CNRS-Ceraps (Lille 2)
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- Voir sur ce point l’article fondateur publié dans cette revue par Jean-Luc Parodi en 1983 : J.-L. Parodi, « Dans la logique des élections intermédiaires », Revue Politique et Parlementaire, « Municipales 83 : les leçons », n° 903, avril 1983, pp. 42-70. Voir également D. Gaxie et P. Lehingue, « Remarques sur le modèle des élections intermédiaires » in Yves Déloye, Alexandre Dézé et Sophie Maurer ( dir.), Institutions, élections, opinion. Mélanges en l’honneur de Jean-Luc Parodi, Paris, Presses de Sciences Po, 2014, pp. 159-175. ↩
- Le Monde, 17 juillet 2014. ↩
- Cité par Libération, 28 octobre 2014. ↩
- Le Monde, 17 juillet 2014. ↩
- B. Dolez et A. Laurent, « Voix sans élus. Le vote Front national dans la région Nord-Pas-de-Calais » in Pascal Delwit (Ed.), Le Front national. Mutations de l’extrême droite française, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, p. 171-190, 2012 ; B. Dolez et A. Laurent, « Le vote Front national dans la région Nord-Pas-de-Calais : une implantation croissante, une géographie changeante », Revue Espaces Marx, vol 34, 2014, pp. 61-74. ↩
- P. Perrineau, « Extrême-droite depuis 1944 » in P. Perrineau et D. Reynié (eds.), « Dictionnaire du vote », Paris, PUF, 2001, pp. 436-437. ↩
- P. Perrineau, « Extrême-droite depuis 1944 », op.cit. ↩
- N. Mayer, « Du vote lepéniste au vote frontiste », Revue française de science politique, 47 (3-4), 1997, p. 444. ↩
- P. Perrineau, « La dynamique du vote Le Pen le poids du « gaucho-lepénisme » » in P. Perrineau et C. Ysmal (eds.), « Le vote de crise. L’élection présidentielle de 1995 » Paris, Presses de Sciences Po, 1995, p. 245. ↩
- Ibid, p. 248. ↩
- P. Martin : « Le vote Le Pen, l’électorat du Front national », Notes de la Fondation Saint-Simon, octobre-novembre 1996. ↩
- Sources de ces données et des suivantes voir : Atlas de la nouvelle région Nord-Pas-de- Calais-Picardie, tomes 1 et 3, site internet de la région Nord-Pas-de-Calais et site internet de la région Picardie, mars 2015 ; Insee, « Ménages fiscaux et revenu disponible en 2012 : comparaisons régionales et départementales » ; E. Dupoirier, « Région Nord-Pas-de-Calais-Picardie », Cevipof, Un portrait des nouvelles régions, n° 11, novembre 2015. ↩
- « Daniel Percheron, président sortant de la région Nord-Pas-de-Calais règle ses comptes », La voix du Nord, 12 novembre 2015. ↩
- Courrier Picard, 30 décembre 2015. ↩
- Sondage IFOP, « Le climat politique dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie », septembre 2015. ↩
- « Daniel Percheron : la rencontre bilan », La voix du Nord, 12 octobre 2015. ↩
- Le Parisien, 12 juillet 2015. ↩
- « Régionales : pour Martine Aubry, « Pierre de Saintignon est le meilleur candidat » », Le Figaro, 23 septembre 2015. ↩
- Cité par Le Lab d’Europe1 : https://lelab.europe1.fr/martine-aubry-en-a-marre-detre-presentee-comme-le-rempart-face-au-fn-en-nord-pas-de-calais-picardie-2520091 ↩
- La voix du Nord, 1er février 2015. ↩
- Cité par France 3 : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/valls-juge-hors-de-question-de-laisser-le-fn-remporter-une-region-839349.html ↩
- Enquête IFOP, « Le climat électoral en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », réalisée du 25 au 28 novembre 2015. Enquête IFOP, « Le profil des électeurs et les clefs du premier tour des élections régionales » réalisée le 6 décembre 2015. ↩
- « Régionales: le PS maintient le mystère sur ses intentions pour le second tour », La voix du Nord, 4 décembre 2015. ↩
- « Régionales – Bertrand réagit (finalement) au sondage et repousse encore la fusion avec le PS au second tour », La voix du Nord, 26 octobre 2015. ↩
- « Elections régionales : le plan de Valls contre le FN », Le Monde, 11 novembre 2015. ↩
- Enquête IFOP, « Le climat électoral en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », réalisée du 25 au 28 novembre 2015. ↩
- Enquête IFOP, « Le climat électoral en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », 25 au 28 novembre 2015. ↩
- Voir par exemple l’enquête BVA, « Élections régionales 2015. Intentions de vote en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », réalisée du 17 au 23 novembre. ↩
- Enquête BVA, « Élections régionales 2015. Intentions de vote en Nord-Pas-de-Calais-Picardie », réalisée les 9 et 10 décembre 2015. ↩