Loin des discours habituels, Laurence Taillade porte la voix de ses pères mis à l’écart suite à une séparation. Des pères qui selon elle, doivent tenir une place tout aussi importante que celle des mères dans l’éducation et la construction des enfants, premières victimes de ces situations souvent douloureuses.
La femme est trop souvent consignée à son rôle de mère, à ce point qu’il semble normal qu’elle obtienne la garde des enfants dans le cadre d’une séparation, pour des raisons aussi diverses qu’elle aurait plus de temps, plus d’aptitudes ou, plus étrange, que petits, ils auraient plus besoin de leur maman.
Et le Papa, dans tout cela ? Il existe, aussi, des papas qui décident de mettre entre parenthèses leur carrière, leurs ambitions, pour voir grandir leurs enfants.
Les papas s’occupent à parité des enfants dans un nombre grandissant de couples et, sauf allaitement maternel que certaines prolongent dans des proportions inhabituelles, les bras d’un papa, les histoires qu’il raconte le soir, les conseils qu’il donne, ou le modèle qu’il représente aux yeux de son enfant, sont tout aussi importants pour la construction de l’adulte qu’il sera plus tard.
Lorsque l’on argue qu’un enfant a plus besoin de sa mère que de son père, c’est que l’on est déjà en train de projeter un modèle de société qui noie l’égalité femme-homme. Cela devrait sembler déroutant et inacceptable à toute féministe qui se respecte. Les femmes ne peuvent pas être assignées à leur rôle de maman, ce serait considérer que leur biologie les condamne à n’être que les matrices des futures générations, leur ôtant toute forme de détachement face à la maternité et, de ce fait, délégitimant honteusement les pères de leur statut de parent.
Un enfant se fait à deux, il s’éduque conjointement, que les parents vivent ensemble ou non. L’intérêt primordial de l’enfant est là : avoir suffisamment de respect pour l’adulte en devenir pour lui permettre de se construire à cheval entre ses deux familles, ses deux cultures, ses deux histoires, sans le sommer, inconsciemment, de transiger, de choisir, entre deux camps.
En France, 2 millions d’enfants voient rarement leur père. 600.000 ne le connaissent même pas. La garde est accordée à la mère dans 80% des jugements et 1300 pères séparés de leurs enfants se suicident chaque année.
La prise en otage des enfants se solde par de graves troubles psychiques, pouvant mener jusqu’à des maladies, éruptives, troubles du comportement, douleurs de ventre, … Pour l’enfant qui se retrouve plongé dans ce type de conflit dont il est l’enjeu, faute d’avoir réglé entre adultes les oppositions conjugales ayant mené à la séparation.
Quand la séparation est vécue comme une trahison, l’adulte ayant la garde cherche à faire payer, par tous les moyens, ce qu’il considère comme une injustice. Le plus cruel d’entre eux est de priver l’autre parent de ses enfants, en refusant l’exercice du droit de visite ou de garde ou, plus sournoisement, en déménageant très loin, de façon à contrer toute velléité de l’exercer. Ce que les juges avalisent sans sourcilier.
Combien de papas rencontrés -ils sont les plus nombreux dans ce cas- souffrent de l’absence de leurs enfants, qu’ils n’ont pas les moyens matériels de prendre en week-end comme leurs conventions le prévoient ? La maman, partie à des centaines de kilomètres se fiche pas mal de sa capacité à financer des trajets, quand certaines ont fait ce choix délibérément pour se débarrasser d’un géniteur devenu gênant dans leur nouvelle vie, oubliant bien vite l’intérêt de leurs enfants, allant même jusqu’à critiquer ouvertement ce dernier.
Ces cas, qui semblent de plus en plus nombreux, peuvent aller jusqu’à la phase critique d’aliénation parentale dont la caractéristique juridique commence à être reconnue.
Aimer son enfant, c’est aussi accepter qu’il puisse continuer à aimer l’autre parent, à le voir, à se construire auprès de lui.
Mentir à son enfant sur ce parent absent, le dénigrer, c’est lui indiquer que la moitié de lui-même n’est pas aimable, c’est mener cet enfant à détester cette partie de lui qui lui vient de cet adulte qu’on insinue détestable.
La justice, eu égard à notre constitution, doit, dans ce cas, comme dans tout autre, trancher de manière aveugle, sans aucune discrimination de sexe, dans le sens exclusif de l’intérêt de l’enfant. L’égalité femmes-hommes commence par là.
La République ne peut ignorer ces cas de souffrance de pères séparés de leurs enfants.
Elle ne peut être l’instrument de mères qui abusent d’un système qui se fait injuste. Les pères ont des droits, qui doivent être reconnus, comme des devoirs auxquels ils ne devraient pas se soustraire.
Avoir un enfant oblige chacun avant tout vis-à-vis de cet enfant. Aussi, il semble incontournable de protéger leurs droits à conserver des liens avec leurs deux parents en cas de divorce, en créant un délit d’entrave parental, une obligation de garde et de visite et un droit de paternité de fait, dès le premier jour de la séparation.
Présidente de Forces Laïques