Les élections municipales de 2014 se sont achevées par un désaveu cinglant de la gauche socialiste et par une nette victoire de la droite modérée, dans un contexte d’impopularité record de l’exécutif.
Les élections municipales des 23 et 30 mars 2014 constituaient les premières élections intermédiaires du quinquennat de François Hollande. Rendez-vous très attendu par la quasi totalité des partis politiques, elles étaient le premier test national pour la majorité de gauche suite à ses défaites successives lors des élections législatives et cantonales partielles de 2012 et 2013. Elles portaient sur le renouvellement des conseillers municipaux des 36 664 communes françaises. Organisées au terme normal du mandat des conseillers élus en 2008, elles présentaient plusieurs éléments de nouveauté. Le premier concernait l’élection simultanée des conseillers municipaux et des conseillers communautaires appelés à siéger au sein des structures intercommunales. Le second concernait le mode de scrutin employé dans les petites communes, avec l’abaissement du seuil d’utilisation du scrutin proportionnel avec prime majoritaire à partir de 1 000 habitants.
Elections municipales 2014 et la “logique des élections intermédiaires”
La campagne électorale s’est installée dans un climat de très forte défiance à l’égard du chef de l’état et de l’action du gouvernement1
. Confronté à des difficultés économiques et sociales persistantes, avec une croissance atone et une progression continue du chômage, le pouvoir socialiste a limité ses interventions au maximum et s’est contenté de rappeler que les élections municipales sont avant tout des élections locales, avec des enjeux particuliers dans chaque ville. Cette situation n’a pas profité à l’opposition, l’UMP étant traversée par une très grave crise interne suite à l’élection contestée de Jean-François Copé à la présidence du parti. De la sorte, la plupart des maires sortants ont privilégié la mise en avant de leur bilan afin de ne pas être associés de trop près aux difficultés rencontrées par leur parti au niveau national. L’enjeu était simple : empêcher toute nationalisation des élections susceptible de “polluer” l’attribution de la responsabilité de l’action locale, et donc d’amorcer un vote sanction.
Cependant, la place des élections municipales dans le cycle ouvert par les élections de 2012, à mi-mandat de l’action de l’exécutif, et l’impopularité record de François Hollande ont créé les conditions de l’expression de la “logique des élections intermédiaires”, avec le recul du parti au pouvoir, un abstentionnisme différentiel pénalisant la majorité gouvernementale et une progression générale des oppositions2. Dans cette configuration particulière, résultant d’une connexion maximale entre niveau local et niveau national, les élections municipales se sont transformées en autant de référendums locaux sur l’action du gouvernement. Au final, beaucoup de majorités sortantes de gauche n’ont pas pu résister à la vague de contestation nationale, y compris celles qui bénéficiaient d’un bilan satisfaisant3. Très peu sont parvenues à faire valoir des facteurs locaux en profitant de leur gestion politique de la campagne (mise au pas des velléités de dissidence, stratégie d’alliance électorale, etc.), de leurs performances économiques (création d’emplois) ou de leur bon bilan financier pour échapper à la défaite.
Quels enseignements majeurs tirer des élections municipales ? Quelle est l’ampleur réelle de la défaite de la gauche ? Existe-t-il un phénomène d’abstention différentielle ? C’est à l’ensemble de ces questions que cet article propose de répondre.
Les données
La question des villes à analyser : l’enjeu du seuil de population
Les élections municipales en France sont synchronisées : tous les six ans, plus de 36 000 conseils municipaux sont renouvelés simultanément. Comprendre les logiques nationales de ces élections implique toutefois de restreindre le champ de l’analyse, et ce pour deux raisons. La première est liée aux conditions d’organisation de chaque compétition : le mode de scrutin plurinominal avec autorisation du panachage utilisé dans les petites communes rend de fait impossible l’agrégation de l’ensemble des résultats au niveau national4. La seconde raison est plus directement d’ordre méthodologique : la diversité des configurations locales suggère de concentrer l’attention sur les communes les plus connectées au système de partis national.
Le seuil de 30 000 habitants s’est historiquement imposé pour identifier les villes dont les élections municipales sont effectivement connectées à la compétition politique nationale car les communes de moins de 30 000 habitants ont pratiqué le mode de scrutin plurinominal avec panachage entre 1965 et 1983. Depuis les élections municipales de 1983, ce seuil n’a plus de signification juridique, mais il s’est perpétué pour permettre la comparaison des résultats dans le temps. C’est la raison pour laquelle il est également repris dans cet article, bien qu’un nombre croissant d’auteurs utilise désormais le seuil de 9 000 habitants5. Au final, les données présentées et analysées dans ce travail portent sur l’ensemble des 242 communes de plus de 30 000 habitants en France métropolitaine6, soit 276 compétitions distinctes compte tenu des spécificités du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille7.
La transformation des données du ministère de l’Intérieur
Les données utilisées dans cet article proviennent initialement des fichiers de résultats informatisés mis à disposition par le ministère de l’Intérieur. Néanmoins, ces fichiers ont fait l’objet d’un important travail de recodage, qui a consisté à réviser l’ensemble des étiquettes attribuées par les services préfectoraux lors du dépôt des listes. Les nouvelles étiquettes ont été déterminées en croisant systématiquement trois sources d’information : les investitures accordées par les instances nationales des partis politiques, les professions de foi des listes et la presse quotidienne régionale. De manière générale, ces étiquettes rendent à la fois compte de la composition des listes et de l’appartenance partisane des têtes de liste8, ce qui permet in fine de mieux saisir la diversité des alliances qui peuvent exister entre les partis9. Le tableau 1 présente les résultats du premier tour de scrutin sous une forme simplifiée.
Tableau 1 – Les résultats du premier tour des élections municipales de 2014
dans les 242 communes de plus de 30 000 habitants de France métropolitaine
Au-delà de ces données sur les résultats électoraux, qui concernent à la fois le premier tour et le second tour de scrutin, cet article mobilise aussi des données inédites sur l’étiquette partisane des maires sortants et des têtes de liste élues10.
L’offre électorale : la désunion de la gauche
Les configurations du premier tour
Avec 1 626 listes dans l’ensemble des communes de plus de 30 000 habitants, soit un nombre moyen de 5,89 listes par compétition, l’offre électorale au premier tour des élections municipales atteint son plus haut niveau historique (tableau 2). En dépit des conditions très exigeantes pesant désormais sur la constitution des listes, notamment en termes de parité, la hausse quasi constante du nombre moyen de listes par scrutin depuis les années 1980 (3,69 en 1983 ; 4,48 en 1989 ; 5,30 en 1995 ; 5,41 en 2001 ; 5,28 en 2008) traduit la nationalisation des élections municipales en France : les électeurs retrouvent de plus en plus souvent au premier tour des municipales le même type d’offre qu’au premier tour des législatives.
Cette augmentation progressive du nombre moyen de listes est allée de pair avec un changement profond de la configuration des premiers tours (tableau 2) : elle a conduit à une quasi disparition des duels et des triangulaires. De ce point de vue, la comparaison entre les municipales de 1983 et les municipales de 2014 est éloquente : alors que 52,4 % des premiers tours avaient impliqué deux ou trois listes en 1983, ce n’est le cas que de 4,7 % des premiers tours en 2014. Au-delà de la diversification de l’offre électorale, ce mouvement a également débouché sur la généralisation des seconds tours, la multiplication des listes rendant de plus en plus difficile l’obtention de la majorité absolue des suffrages au premier tour11.
Tableau 2 – L’offre électorale au premier tour des élections municipales
dans les communes de plus de 30 000 habitants en France métropolitaine depuis 1983
À titre de comparaison, le nombre moyen de listes en compétition au premier tour est de 1,89 dans les communes de 1 000 à 8 999 habitants et de 3,61 dans les communes de 9 000 à 29 999 habitants. Ces données confirment que la structure de l’offre dans les communes de plus de 30 000 habitants est effectivement plus proche de la structure de compétition pour les élections nationales que celle dans les communes de taille inférieure.
La présence des partis politiques et les stratégies d’alliance
La structure de l’offre électorale au premier tour des municipales dans les communes de plus de 30 000 habitants reflète assez fidèlement la situation et les perspectives des partis politiques au moment d’affronter la première grande épreuve des urnes depuis les élections de 2012. Contrairement aux élections municipales de 2008, où il était dans l’opposition, mais surtout aux élections municipales de 2001, où il était déjà au pouvoir, le Parti socialiste (PS) n’est pas parvenu à bâtir une large union autour de lui. Avec 62 listes investies par le PS et le Parti communiste français (PCF), et 68 listes de gauche plurielle investies par le PS, le PCF et Europe écologie Les Verts (EELV), le PS et le PCF ne sont unis que dans 47,1 % des premiers tours, alors que cette proportion était de 69,5 % en 2008 et de 91,4 % en 2001. Cette situation renvoie en partie à la pérennisation du Front de Gauche (FG) et au maintien du PCF au sein de l’opposition depuis 2012, mais elle témoigne également des difficultés rencontrées par le PS pour imposer son leadership sur la gauche. Le pouvoir socialiste est toutefois parvenu à contenir la concurrence des écologistes grâce aux 74 listes unissant le PS et EELV, en plus des 68 listes PS-PCF-EELV. Au final, le PS se retrouve sans partenaire significatif dans seulement 69 villes, soit autant que lors des municipales de 200812.
À droite, l’union entre l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et l’Union des démocrates et indépendants (UDI) a largement prévalu, avec 217 cas d’union de la droite13 et seulement 52 villes où l’UMP s’est présentée seule14, dont 37 face à une liste UDI ou une liste UDI-MoDem15. Bien que les dissidences aient été beaucoup plus fréquentes à l’UMP qu’au PS, avec 52 listes UMP dissidentes contre seulement 27 listes PS dissidentes, la gauche apparaît au final nettement plus divisée que la droite modérée. Cette dernière doit toutefois faire face à la concurrence accrue du Front national (FN), qui parvient à présenter une liste dans 70,3 % des cas. Cette performance tranche avec les municipales de 2001 et de 2008, lors desquelles le FN n’avait pu être présent que dans 47,3 et 28,6 % des scrutins, et prolonge le redressement du parti, même si elle reste à distance du taux de couverture exceptionnel atteint au premier tour des élections municipales de 1995 (84,2 %)16.
Les résultats du premier tour : les premiers signes de la sanction
La participation électorale : la démobilisation de la gauche
Avec 54,7 % de votants au premier tour, la participation électorale dans les villes de plus de 30 000 habitants confirme son déclin ininterrompu depuis les années 1980 : 69,9 % en 1983 ; 62 % en 1989 ; 57,9 % en 1995 ; 56,8 % en 2001 ; et 54,7 % en 2008. Mais ce recul de la participation ne touche pas tous les électorats partisans de la même façon : conformément au modèle des élections intermédiaires, l’impopularité du pouvoir socialiste se traduit par une mobilisation différentielle qui pénalise la majorité gouvernementale. De ce point de vue, les évolutions de la participation entre le premier tour de la présidentielle de 2012 et le premier tour des municipales ne laissent planer aucun doute (tableau 3).
Tableau 3 – L’abstentionnisme différentiel au premier tour des municipales de 2014 dans les villes de plus de 30 000 habitants
Dans le quartile des villes de plus de 30 000 habitants qui ont été les plus favorables à François Hollande au premier tour de l’élection présidentielle de 2012, la participation recule de 25,2 points, alors que la baisse est limitée à 21,4 points dans le quartile des communes qui ont été les moins favorables à François Hollande. De manière quasi symétrique, la chute de la participation par rapport au premier tour de la présidentielle est davantage contenue dans le quartile des villes qui ont été les plus favorables à Nicolas Sarkozy (-22,3 points) que dans le quartile des communes qui lui ont été les plus défavorables (-25,3 %). Ces indices d’une plus forte démobilisation des électeurs de la majorité gouvernementale se retrouvent également à un niveau infra-communal, notamment à Paris et à Marseille17.
Les rapports de force électoraux : recul de la gauche et redressement du Front national
Sans surprise, la gauche est sévèrement sanctionnée au premier tour : elle recule de 7 points par rapport aux municipales de 2008, passant de 49,8 à 42,8 % des suffrages exprimés (tableau 4). Cette sanction s’accompagne d’une forte poussée de l’ensemble de la droite, qui bondit de 43,3 à 55,5 % (+12,2 points), et surtout du Front national, qui progresse de 9 points à lui tout seul, en approchant son niveau record des municipales de 1995 (11 % contre 11,3 % dans l’ensemble des communes de plus de 30 000 habitants). Au final, les résultats agrégés sont très proches de ceux des municipales de 1995, à la fois pour le niveau de la gauche et de la droite, et pour le rapport de force entre la droite modérée et l’extrême droite.
Tableau 4 – Les résultats du premier tour des élections municipales
dans les communes de plus de 30 000 habitants de France métropolitaine depuis 1983
Le recul de la gauche n’a pas la même ampleur selon la taille des communes. Dans les villes moyennes, les villes de 30 000 à 49 999 habitants, l’ensemble de la gauche chute de 8,9 points, passant de 49,2 à 40, 3 % des exprimés, alors que le reflux n’est que de 6,5 points dans les villes de 50 000 à 99 999 habitants (de 47,3 à 40,8 %) et de 6,3 points dans les villes de plus de 100 000 habitants (de 51,6 à 45,3 %). Ces mouvements divergents confirment et renforcent les évolutions de la structure géographique du vote de gauche, avec un poids de plus en plus important dans les grandes métropoles : la gauche obtient en moyenne 5 points de plus dans les villes de plus de 100 000 habitants par rapport aux villes de 30 000 à 49 999 habitants lors des municipales de 201418, alors que cet écart n’était que de 2,4 points lors des municipales de 2008, et qu’il était même négatif lors des municipales antérieures (-11,3 points en 1983 ; -9,4 en 1989 ; -5,1 en 1995 ; -0,3 en 2001). La puissance du vote sanction contre la gauche permet néanmoins à la droite d’être majoritaire dans toutes les strates, avec 57,9 % dans les villes de 30 000 et 49 999 habitants, 58 % dans les villes de 50 000 à 99 999 habitants, et 52 % dans les villes de plus de 100 000 habitants.
Au sein de la gauche, les listes de la majorité gouvernementale captent l’essentiel du mécontentement des électeurs : avec 26 % des exprimés, les listes PS19 chutent de 8,5 points par rapport au premier tour des municipales de 2008 et reviennent à leur étiage traditionnel depuis les municipales de 1989. De leur côté, les listes du Front de Gauche progressent par rapport aux listes du PCF en 2008, passant de 5 à 7,8 % des exprimés, mais elles tirent avant tout profit d’une plus grande présence et de la marginalisation de l’extrême gauche.
Avec le recul de la gauche, le redressement du Front national constitue évidemment le fait le plus marquant du premier tour. Bien que son niveau général reste en-deçà du record atteint lors des municipales de 1995, il s’agit bien de la meilleure performance du parti pour ce type de scrutin : en limitant l’analyse aux villes de plus de 30 000 habitants dans lesquelles il présente une liste, le FN obtient en moyenne 13,6 % des exprimés en 2014 contre 12,3 % en 1995. Pour autant, il ne s’agit pas de la percée historique que certains médias ont proclamé à renforts de titres tapageurs20 : le FN reste à distance très respectable de l’UMP, qui se stabilise à 30,5 % des exprimés en dépit de la concurrence accrue de l’UDI21.
Du premier tour au second tour
Le bilan du premier tour : la gauche en grande difficulté
À la veille du premier tour des élections municipales, la gauche avait beaucoup plus à perdre que la droite dans les communes de plus de 30 000 habitants : 137 mairies (dont 95 pour le seul PS) contre 105 à la droite (dont 69 pour l’UMP). Compte tenu de l’impopularité de l’exécutif et de la place du scrutin dans le cycle ouvert par la présidentielle de 2012, toutes les conditions étaient réunies pour une défaite similaire à celle de 1983.
À l’issue du premier tour de scrutin, les flux dans les villes déjà pourvues confirment le recul de la gauche en termes de suffrages exprimés. Tous les transferts vont de la gauche vers la droite, et plus précisément du PS vers la droite : le PS cède Chalon-sur-Saône, Poissy, Clamart et L’Haÿ-les-Roses à l’UMP, ainsi que Niort à l’UDI. La fréquence des reconductions dès le premier tour va dans le même sens et laisse présager une sanction de grande ampleur contre la gauche : la droite retrouve directement 53 % de ses mairies sortantes (56/105) contre seulement 11 % à la gauche (15/137). Jamais dans l’histoire récente des élections municipales n’avait été observé un différentiel aussi élevé entre la gauche et la droite dans la capacité de réélection des mairies sortantes au premier tour22. Résultat, sur les 166 villes de plus de 30 000 habitants restant en jeu au second tour, 117 sont tenues par la gauche, contre 49 par la droite. À la veille du second tour, la gauche est plus que jamais exposée.
Les configurations du second tour
Dans ces 166 communes, 563 listes restent en compétition. Les configurations exactes sont assez variables (54 duels, 105 triangulaires, 35 quadrangulaires), mais dans l’immense majorité des cas, les électeurs peuvent arbitrer entre au minimum une liste de gauche et une liste de droite : la gauche est absente dans cinq cas seulement (Cannes, Perpignan, Draguignan, Fréjus et Six-Fours-les-Plages23), la droite dans deux (Saint-Denis et Bastia24).
De manière générale, la discipline a prévalu au sein de la majorité gouvernementale et de l’opposition de droite, à l’exception des quelques cas où la fusion des listes ne semblait pas nécessaire pour remporter le scrutin. De la sorte, la plupart des triangulaires sont le fait du FN, qui parvient à qualifier 105 listes, dont les sept secteurs restant non pourvus à Marseille et six arrondissements à Lyon.
Les résultats du deuxième tour : l’amplification de la sanction
La participation électorale : la confirmation des structures du premier tour
L’entre-deux-tours a été dominé par les appels à la mobilisation électorale, la majorité gouvernementale entretenant l’espoir qu’une remobilisation de son électorat puisse lui éviter la défaite. Dans cette perspective, plusieurs observateurs ont rappelé l’exemple des élections municipales de 1983, lorsque le redressement de la participation au second tour avait permis à Gaston Defferre et au PS de sauver Marseille25.
La participation progresse effectivement entre les deux tours au sein des 166 villes de plus de 30 000 habitants restant en jeu, passant de 54,7 à 57,2 % des inscrits. Cependant, cette dynamique générale ne traduit pas une remobilisation de l’électorat de gauche (tableau 5) : le redressement de la participation par rapport au premier tour de scrutin est plus faible dans le quartile des communes qui avaient été les plus favorables à François Hollande au premier tour de la présidentielle de 2012 (+2,3 points). En revanche, les évolutions de la participation entre les deux tours semblent dépendre du poids de la droite modérée, avec une progression minimale dans le quartile des villes les plus favorables à Nicolas Sarkozy au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 (+1,6 point) et une progression maximale dans le quartile des communes qui lui avaient été les plus défavorables (+3,2 points).
Tableau 5 – L’absence de remobilisation de l’électorat de gauche entre les deux tours des élections municipales de 2014
dans les communes de plus de 30 000 habitants
De prime abord, tout se passe comme si l’électorat de la droite modérée s’était moins mobilisé entre les deux tours de scrutin. Mais cette dynamique cache en fait l’impact de l’issue plus ou moins incertaine de la compétition (tableau 6) : au sein des 20 communes où le total des voix de droite modérée excédait le plus fortement le total des voix de gauche au premier tour, c’est-à-dire dans les fiefs de droite, la participation recule très légèrement entre les deux tours (-0,1 point). De la sorte, les évolutions de la participation révèlent d’abord l’anticipation d’un résultat plus ou moins serré au second tour : le redressement de la participation atteint son maximum dans les déciles de communes où la gauche a un faible avantage sur la droite modérée au premier tour (+ 4 points dans le cinquième décile ; + 4,3 points dans le sixième).
Tableau 6 – L’impact de l’issue incertaine du scrutin sur les dynamiques de la participation entre les deux tours des municipales de 2014
dans les communes de plus de 30 000 habitants
Les rapports de force électoraux : une nouvelle poussée de la droite
Les résultats du second tour amplifient le vote sanction contre la gauche au pouvoir. Dans la France urbaine, les électeurs n’apportent aucun correctif au message qu’ils ont lancé au premier tour : dans les 166 communes de plus de 30 000 habitants qui restaient encore en jeu, la gauche recule de 0,8 point par rapport à son total du premier tour, tandis que la droite enregistre une poussée de 2,3 points (tableau 7). De ce point de vue, les élections municipales de 2014 s’inscrivent dans la lignée des élections intermédiaires organisées sous la présidence de Nicolas Sarkozy : lors des municipales de 2008 puis des régionales de 2010, le second tour de scrutin avait déjà confirmé le premier tour en accentuant la défaite de la majorité en place sur fond de redressement de la participation électorale.
Tableau 7 – Les résultats du deuxième tour des élections municipales de 2014
dans les 166 communes de plus de 30 000 habitants de France métropolitaine non pourvues au premier tour
Cette amplification de la sanction contre le pouvoir socialiste conduit à la défaite de la gauche dans des communes qui paraissaient à l’abri à l’issue du premier tour. De ce point de vue, les cas de Limoges et de Livry-Gargan sont exemplaires. À Limoges, le total des voix de gauche recule de 47 % au premier tour à 43,8 % au second tour, permettant à la liste d’union de la droite de l’emporter en triangulaire avec 45,1 % en dépit de la concurrence exercée par le FN. De même, à Livry-Gargan, la liste DVG-PS conduite par le maire sortant Alain Calmat recule de près de 3 points sur son propre score du premier tour, passant de 46,7 à 43,8 % des suffrages exprimés, alors que la liste UMP-UDI bondit dans le même temps de 47,1 à 56,2 % (la troisième liste présente au premier tour, une liste LO, avait obtenu 6,1 %). Au-delà de ces défaites inattendues de la gauche, ces deux cas illustrent bien les effets du redressement de la participation entre les deux tours. Dans les deux communes, la participation est en très forte hausse (+5,4 points à Livry-Gargan, +3,7 points à Limoges) : les rapports de force du premier tour ont montré que l’alternance était possible, y compris dans des bastions de gauche, et les nouveaux électeurs qui se sont déplacés pour le second tour ne sont généralement pas venus pour sauver les représentants de la majorité gouvernementale.
Le bilan des deux tours : une déroute historique
Les flux de mairies : une déroute de la gauche
À l’issue des deux tours de scrutin, le bilan est implacable : les élections municipales de 2014 marquent une déroute de la gauche, qui recule de 54 mairies dans les villes de plus de 30 000 habitants, et tout particulièrement du PS, dont le solde négatif s’élève à 45 mairies (tableau 8). Le PS est défait dans 49 villes qu’il dirigeait à la veille des élections, soit plus de la moitié de ses mairies sortantes, dans un mouvement qui touche tout à la fois ses bastions historiques (Limoges, Roubaix) et ses conquêtes plus récentes. Il demeure hégémonique au sein de la gauche (il est à la tête de 60,2 % des mairies de gauche élues), mais sa domination s’effrite légèrement (il contrôlait 69,3 % des mairies de gauche sortantes). De son côté, le PCF parvient à limiter les dégâts en ne reculant que de trois villes, mais il poursuit inexorablement son déclin et ne dirige plus que vingt communes de plus de 30 000 habitants en métropole26.
Tableau 8 – Le bilan des élections municipales de 2014 en France métropolitaine en nombre de mairies
dans les 242 communes de plus de 30 000 habitants
Les flux entre la gauche et la droite sont quasiment tous à sens unique, mais les deux victoires de la gauche sur la droite (Douai et Avignon) restent assurées par le PS, alors qu’il subit une véritable débâcle sur l’ensemble du territoire. Les flux au sein de la gauche ne sont pas négligeables, notamment du PS vers ses alliés et/ou concurrents. Les équipes investies par le PS sont battues par des dissidences à La Rochelle, Montpellier et Dunkerque, confirmant que l’étiquette socialiste était difficile à porter. Le PS cède également Aubervilliers au PCF et Grenoble à EELV, rappelant que sa domination sur la gauche n’est pas un état de nature.
La déflagration bénéficie à l’ensemble des partis de droite, mais surtout à l’UMP, qui progresse de 41 mairies et se retrouve à la tête de 110 villes de plus de 30 000 habitants, soit un total plus élevé que celui du PS à la veille du scrutin. Pour sa toute première victoire lors d’élections locales, la poussée est impressionnante. Néanmoins, elle ne se traduit pas par une domination totale sur la droite : elle contrôle désormais 69,6 % des mairies de droite, contre 65,7 % avant les élections. Au centre de toutes les attentions à la suite du premier tour, le FN conquiert finalement deux communes de plus de 30 000 habitants, Béziers et Fréjus, égalant sa performance de 199527. Ses deux victoires sont obtenues sur la droite modérée, exactement comme en 1995 (Marignane et Toulon). Au sein de la France urbaine, le redressement du FN correspond bel et bien à un retour à son plus haut niveau historique.
Le bilan au sein des très grandes villes, les villes de plus de 100 000 habitants, est tout aussi cruel pour la gauche, et notamment pour le PS. Excepté le cas de Montreuil, que le PCF reprend à EELV, les pertes sont toutes enregistrées par le PS, que ce soit vers des dissidences (Montpellier), vers EELV (Grenoble), vers l’UDI (Amiens), mais surtout vers l’UMP (Caen, Toulouse, Tours, Saint-Etienne, Angers, Reims, Limoges et Argenteuil). Les victoires du PS à Paris et à Lyon n’ont pas la même signification que lors des municipales de 2001, lorsqu’elles avaient permis de masquer la sanction contre la gauche plurielle : elles constituent cette fois une bouffée d’oxygène, qui évite un véritable cataclysme.
Une mise en perspective historique : une défaite sans précédent du pouvoir en place
Ce bilan des élections municipales dans les villes de plus de 30 000 habitants peut être comparé au bilan des municipales précédentes, et notamment des municipales de 1983, qui étaient jusque là considérées comme le cas d’école d’un vote sanction28. De ce point de vue, le solde négatif de 54 mairies pour la gauche est un record (tableau 9), qui dépasse nettement le recul de 29 mairies enregistré en 1983 (35 si on ajoute les 6 mairies perdues dans les partielles dues à des invalidations). Il va également au-delà d’un simple mouvement de balancier suite à la très nette victoire de la gauche en 2008. Au fond, l’ampleur du mouvement en faveur de la droite n’a qu’un seul précédent depuis les débuts de la Cinquième République : la victoire écrasante de la gauche lors des élections municipales de 1977 (figure 1).
Tableau 9 – Le bilan des élections municipales depuis 1983 en nombre de mairies détenues
dans les communes de plus de 30 000 habitants
Figure 1 – Le bilan des élections municipales en nombre de mairies depuis 1977
Des élections municipales nationalisées
Les élections municipales de mars 2014 s’inscrivent parfaitement dans la logique des élections intermédiaires. Par l’ampleur du vote sanction contre la majorité gouvernementale et par le basculement historique de plusieurs fiefs de gauche, elles constituent un cas d’école de nationalisation des élections locales, en particulier dans les communes de plus de 30 000 habitants, là où la connexion avec le système de partis national est à son maximum.
À l’issue de ces élections, la gauche se retrouve à la tête de moins de 100 villes de plus de 30 000 habitants pour la première fois depuis son retour aux plus hautes responsabilités de l’état en 1981. Depuis les municipales de 1977, le « socialisme municipal »29 avait permis à la gauche de bâtir une stratégie électorale nationale en disposant de puissants relais locaux, à commencer par les villes, puis les départements et enfin les régions. Bien qu’il soit parvenu à maintenir sa domination sur la gauche, le Part socialiste a été brutalement renvoyé à l’étiage qui était le sien avant sa grande poussée de 1977.
Les conséquences politiques de la défaite de la gauche sont nombreuses. En premier lieu, l’ancrage municipal qui avait pu faciliter la victoire du PS lors des élections cantonales, régionales et sénatoriales au cours du quinquennat de Nicolas Sarkozy est très profondément remis en cause. De ce point de vue, le basculement à droite du Sénat en septembre 2014 n’est sans doute qu’une des premières répliques des municipales. La tenue de prochaines élections départementales et surtout régionales est susceptible d’amplifier le recul de la gauche au niveau local selon la même logique de sanction contre l’action du gouvernement. En second lieu, la puissance de la logique des élections intermédiaires rappelle les difficultés rencontrées par les exécutifs locaux pour dénationaliser les élections locales en cas de forte impopularité du pouvoir en place. La dégradation des conditions sur le marché de l’emploi, la hausse de la fiscalité et la réduction des dotations de l’état central vers les collectivités territoriales créent un contexte défavorable pour imposer dans l’esprit des électeurs un découplage entre bilan des collectivités locales et orientation des politiques publiques nationales.
Martial Foucault, professeur à Sciences Po, directeur du CEVIPOF, et Florent Gougou, chargé de recherches FNRS – Université libre de Bruxelles
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(1) Le Baromètre Sofres de mars 2014 indiquait une cote de confiance de François Hollande à 17 %, le plus bas niveau jamais atteint par un Président de la République depuis que la mesure existe.
(2) Jean-Luc Parodi, “Dans la logique des élections intermédiaires”, Revue Politique et Parlementaire, 903, 1983, p. 42-70. Le modèle a été largement développé suite à ce premier article. Sa présentation la plus aboutie figure dans Jean-Luc Parodi, “Les élections « intermédiaires » du printemps 2004 : entre structure et événement”, Revue française de science politique, 54 (4), 2004.
(3) Dans une enquête par sondage Lh2 pour France Bleu et la presse régionale du 14 mars 2014, la majorité des personnes interrogées (58 %) étaient “satisfaites” de l’action de leur municipalité, même si seulement 9 % se déclaraient “très satisfaites”.
(4) Le mode de scrutin utilisé dans les communes de plus de 1 000 habitants est un mode de scrutin proportionnel à deux tours avec une prime majoritaire de 50 % des sièges à la liste vainqueur. Un second tour est organisé si aucune liste n’obtient plus de 50 % des exprimés au premier tour. Une liste peut se maintenir si elle obtient plus de 10 % des exprimés. Les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés peuvent fusionner avec une liste ayant obtenu plus de 10 %.
(5) Ce seuil a une signification légale pour les règles de financement des campagnes électorales et le remboursement des frais. Cet article n’a pas pour objet de discuter la pertinence politique de ces seuils, mais il montre à plusieurs reprises que le seuil de 30 000 habitants reste à l’heure actuelle le plus pertinent pour apprécier les dynamiques nationales des élections municipales. Pour une analyse sur les villes de plus de 9 000 habitants, Martial Foucault, “Bilan du premier tour des élections municipales dans les villes de plus de 9 000 habitants”, note du Cevipof, mars 2014.
(6) La population de chaque commune est officiellement arrêtée par le ministère de l’Intérieur, sur la base des dernières données de recensement authentifiées par l’Insee (“population municipale sans double compte”), afin de déterminer le nombre de conseillers municipaux à élire.
(7) Florent Gougou, “Les élections municipales de 2014 à Paris, Lyon et Marseille”, Revue Politique et Parlementaire, 1071-1072, 2014, p. 29-42.
(8) Le fichier du ministère de l’Intérieur est basé sur une grille de 17 nuances. Dans sa forme la plus développée, le fichier utilisé dans cet article compte 75 étiquettes.
(9) Des fichiers similaires ont été construits sur toutes les élections municipales depuis 1983, afin de donner de la profondeur historique. Ils sont présentés dans Florent Gougou, “The 2008 French Municipal Elections: The Opening and the Sanction”, French Politics, 6 (4), 2008, p. 395-406.
(10) Tous les fichiers de données sont disponibles sur demande à florent.gougou@sciencespo.fr
(11) Un second tour a été organisé dans 30,2 % des cas en 1983 ; 46,3 % en 1989, 75 % en 1995 ; 66,9 % en 2001 ; 55,4 % en 2008 ; 71,4 % en 2014.
(12) Le PS est formellement absent dans trois communes : Istres, Salon-de-Provence et Bastia.
(13) Le tableau des résultats du premier tour (tableau 1) fait apparaître 218 listes d’union de la droite car deux listes ont été investies à la fois par l’UMP et l’UDI à Brest.
(14) L’UMP n’a pas investi de liste dans sept communes : Cholet, Pau, Thonon-les-Bains, Les Mureaux, Albi, Malakoff et Tremblay-en-France. Mais elle a investi deux listes à Cannes et Brest.
(15) Ce décompte inclut quatre communes dans lesquelles l’UMP a investi une tête de liste divers droite : Haguenau, Vénissieux, Castres et Evry.
(16) À titre de comparaison, dans les 776 villes de 9 000 à 29 999 habitants, le ministère de l’Intérieur ne dénombre que 229 listes FN, soit une présence dans 29,5 % des cas.
(17) Florent Gougou, “Les élections municipales de 2014 à Paris, Lyon et Marseille”, Revue Politique et Parlementaire, 1071-1072, 2014, p. 29-42.
(18) À titre de comparaison, cet écart était de 2,2 points au premier tour de la présidentielle de 2012, avec la gauche à 47,6 % dans les villes de 30 000 à 49 999 habitants, et à 49,8 % dans les villes de plus de 100 000 habitants.
(19) Malgré la diversité des configurations locales et la multiplicité des schémas d’alliance, le travail important réalisé sur les données transmises par le ministère de l’Intérieur permet de distinguer systématiquement les listes à direction socialiste ou apparentées.
(20) De ce point de vue, les élections municipales se distinguent nettement des élections européennes du 25 mai 2014, ces dernières étant effectivement marquées par une percée historique du FN. À certains égards, elles préfiguraient néanmoins cette percée, notamment dans les villes où la tête de liste FN rivalisait avec les autres têtes de liste en termes de notoriété (Perpignan), et dans les villes où l’équipe de droite sortante était plombée par son bilan (Avignon, Fréjus). Simon Labouret, “La rupture de 2007. Changement électoral et dynamiques de réalignement en France”, Thèse de doctorat, Institut d’études Politiques de Grenoble, 2014, p. 430.
(21) Dans les 37 communes où l’UMP et l’UDI s’affrontaient au premier tour, l’UMP devance l’UDI dans 34 cas. Les trois exceptions sont Bourges, Schiltigheim et Viry-Châtillon.
(22) Florent Gougou, “Le bilan du premier tour des élections municipales dans la France urbaine : les signes avant-coureurs d’une sanction de grande ampleur ?”, Slowpolitix, mars 2014.
(23) Dans deux cas, à Perpignan et Fréjus, l’absence de la gauche résulte d’un désistement pour faire barrage au Front national.
(24) À Bastia, la liste UMP-UDI arrivée en quatrième position du premier tour fusionne avec la liste conduite par le nationaliste Gilles Simeoni.
(25) Savamment ou pas, ces mêmes observateurs ont systématiquement oublié de mentionner que le cas de Marseille avait en fait été une exception, la droite parvenant à mobiliser autant voire plus que la gauche entre les deux tours. Sur ce point, on peut lire (ou relire) Alain Lancelot, “Vue sur la gauche à marée basse. Les élections municipales des 6 et 13 mars”, Projet, 175, 1983, p. 449.
(26) À titre de comparaison, il en dirigeait encore 57 à l’issue des élections municipales de 1983 (52 si on tient compte des invalidations et des partielles de l’automne 1983).
27) On peut ajouter à cette liste le 7e secteur de Marseille (13e et 14e arrondissements), conquis dans une triangulaire sur la gauche.
(28) Pierre Martin, Les élections municipales en France depuis 1945, Paris, La Documentation Française, 2000. Florent Gougou, “The 2008 French Municipal Elections: The Opening and the Sanction”, French Politics, 6 (4), 2008, p. 395-406.
(29) Par analogie avec le mouvement des années 1930, qui avait vu plusieurs élus de la SFIO prendre le pouvoir local afin de favoriser les populations “socialement modestes” de ces villes.
- Le Baromètre Sofres de mars 2014 indiquait une cote de confiance de François Hollande à 17 %, le plus bas niveau jamais atteint par un Président de la République depuis que la mesure existe. ↩
- Jean-Luc Parodi, “Dans la logique des élections intermédiaires”, Revue Politique et Parlementaire, 903, 1983, p. 42-70. Le modèle a été largement développé suite à ce premier article. Sa présentation la plus aboutie figure dans Jean-Luc Parodi, “Les élections « intermédiaires » du printemps 2004 : entre structure et événement”, Revue française de science politique, 54 (4), 2004. ↩
- Dans une enquête par sondage Lh2 pour France Bleu et la presse régionale du 14 mars 2014, la majorité des personnes interrogées (58 %) étaient “satisfaites » de l’action de leur municipalité, même si seulement 9 % se déclaraient “très satisfaites”. ↩
- Le mode de scrutin utilisé dans les communes de plus de 1 000 habitants est un mode de scrutin proportionnel à deux tours avec une prime majoritaire de 50 % des sièges à la liste vainqueur. Un second tour est organisé si aucune liste n’obtient plus de 50 % des exprimés au premier tour. Une liste peut se maintenir si elle obtient plus de 10 % des exprimés. Les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés peuvent fusionner avec une liste ayant obtenu plus de 10 %. ↩
- Ce seuil a une signification légale pour les règles de financement des campagnes électorales et le remboursement des frais. Cet article n’a pas pour objet de discuter la pertinence politique de ces seuils, mais il montre à plusieurs reprises que le seuil de 30 000 habitants reste à l’heure actuelle le plus pertinent pour apprécier les dynamiques nationales des élections municipales. Pour une analyse sur les villes de plus de 9 000 habitants, Martial Foucault, “Bilan du premier tour des élections municipales dans les villes de plus de 9 000 habitants”, note du Cevipof, mars 2014. ↩
- La population de chaque commune est officiellement arrêtée par le ministère de l’Intérieur, sur la base des dernières données de recensement authentifiées par l’Insee (“population municipale sans double compte”), afin de déterminer le nombre de conseillers municipaux à élire. ↩
- Florent Gougou, “Les élections municipales de 2014 à Paris, Lyon et Marseille”, Revue Politique et Parlementaire, 1071-1072, 2014, p. 29-42. ↩
- Le fichier du ministère de l’Intérieur est basé sur une grille de 17 nuances. Dans sa forme la plus développée, le fichier utilisé dans cet article compte 75 étiquettes. ↩
- Des fichiers similaires ont été construits sur toutes les élections municipales depuis 1983, afin de donner de la profondeur historique. Ils sont présentés dans Florent Gougou, “The 2008 French Municipal Elections: The Opening and the Sanction”, French Politics, 6 (4), 2008, p. 395-406. ↩
- Tous les fichiers de données sont disponibles sur demande à florent.gougou@sciencespo.fr ↩
- Un second tour a été organisé dans 30,2 % des cas en 1983 ; 46,3 % en 1989, 75 % en 1995 ; 66,9 % en 2001 ; 55,4 % en 2008 ; 71,4 % en 2014. ↩
- Le PS est formellement absent dans trois communes : Istres, Salon-de-Provence et Bastia. ↩
- Le tableau des résultats du premier tour (tableau 1) fait apparaître 218 listes d’union de la droite car deux listes ont été investies à la fois par l’UMP et l’UDI à Brest. ↩
- L’UMP n’a pas investi de liste dans sept communes : Cholet, Pau, Thonon-les-Bains, Les Mureaux, Albi, Malakoff et Tremblay-en-France. Mais elle a investi deux listes à Cannes et Brest. ↩
- Ce décompte inclut quatre communes dans lesquelles l’UMP a investi une tête de liste divers droite : Haguenau, Vénissieux, Castres et Evry. ↩
- À titre de comparaison, dans les 776 villes de 9 000 à 29 999 habitants, le ministère de l’Intérieur ne dénombre que 229 listes FN, soit une présence dans 29,5 % des cas. ↩
- Florent Gougou, “Les élections municipales de 2014 à Paris, Lyon et Marseille”, Revue Politique et Parlementaire, 1071-1072, 2014, p. 29-42. ↩
- À titre de comparaison, cet écart était de 2,2 points au premier tour de la présidentielle de 2012, avec la gauche à 47,6 % dans les villes de 30 000 à 49 999 habitants, et à 49,8 % dans les villes de plus de 100 000 habitants. ↩
- Malgré la diversité des configurations locales et la multiplicité des schémas d’alliance, le travail important réalisé sur les données transmises par le ministère de l’Intérieur permet de distinguer systématiquement les listes à direction socialiste ou apparentées. ↩
- De ce point de vue, les élections municipales se distinguent nettement des élections européennes du 25 mai 2014, ces dernières étant effectivement marquées par une percée historique du FN. À certains égards, elles préfiguraient néanmoins cette percée, notamment dans les villes où la tête de liste FN rivalisait avec les autres têtes de liste en termes de notoriété (Perpignan), et dans les villes où l’équipe de droite sortante était plombée par son bilan (Avignon, Fréjus). Simon Labouret, “La rupture de 2007. Changement électoral et dynamiques de réalignement en France”, Thèse de doctorat, Institut d’études Politiques de Grenoble, 2014, p. 430. ↩
- Dans les 37 communes où l’UMP et l’UDI s’affrontaient au premier tour, l’UMP devance l’UDI dans 34 cas. Les trois exceptions sont Bourges, Schiltigheim et Viry-Châtillon. ↩
- Florent Gougou, “Le bilan du premier tour des élections municipales dans la France urbaine : les signes avant-coureurs d’une sanction de grande ampleur ?”, Slowpolitix, mars 2014. ↩
- Dans deux cas, à Perpignan et Fréjus, l’absence de la gauche résulte d’un désistement pour faire barrage au Front national. ↩
- À Bastia, la liste UMP-UDI arrivée en quatrième position du premier tour fusionne avec la liste conduite par le nationaliste Gilles Simeoni. ↩
- Savamment ou pas, ces mêmes observateurs ont systématiquement oublié de mentionner que le cas de Marseille avait en fait été une exception, la droite parvenant à mobiliser autant voire plus que la gauche entre les deux tours. Sur ce point, on peut lire (ou relire) Alain Lancelot, “Vue sur la gauche à marée basse. Les élections municipales des 6 et 13 mars”, Projet, 175, 1983, p. 449. ↩
- À titre de comparaison, il en dirigeait encore 57 à l’issue des élections municipales de 1983 (52 si on tient compte des invalidations et des partielles de l’automne 1983). ↩
- On peut ajouter à cette liste le 7e secteur de Marseille (13e et 14e arrondissements), conquis dans une triangulaire sur la gauche. ↩
- Pierre Martin, Les élections municipales en France depuis 1945, Paris, La Documentation Française, 2000. Florent Gougou, “The 2008 French Municipal Elections: The Opening and the Sanction”, French Politics, 6 (4), 2008, p. 395-406. ↩
- Par analogie avec le mouvement des années 1930, qui avait vu plusieurs élus de la SFIO prendre le pouvoir local afin de favoriser les populations “socialement modestes” de ces villes. ↩