La politique a-t-elle besoin de l’économie ? Les modèles économiques utilisent-t-ils la politique pour faire valoir des formes d’expertise économiques rivales ? Telles sont les interrogations auxquelles tente de répondre « L’économie au secours du politique ? ».
Les questions économiques se révèlent être au cœur des choix politiques et les décisions économiques sont également des décisions politiques. Il suffit de rappeler l’omniprésence économique dans le processus de gouvernance tandis que les bilans des gouvernements sont jugés par rapport aux effets de leurs choix en matière économique. Ces deux disciplines s’interpénètrent assurément, leur interdépendance n’est plus à démontrer. La crise de 2008 et ses conséquences socio-économico-politiques en est l’expression évidente.
La complexité de leur articulation mérite une analyse approfondie, objet de ce numéro de « Regards croisés » qui assemble des articles de synthèse rédigés par des spécialistes de ces deux disciplines et groupés autour de plusieurs thèmes. Dans une première partie « Conseiller du prince ou instrument de pouvoir ? », les auteurs analysent la logique économique dans la décision politique et posent une question fondamentale : les modèles économiques sont-ils vraiment idéologiquement neutres ? En fait, il apparaît qu’ils ne peuvent échapper à l’idéologie y compris ceux qui font appel aux mathématiques. L’ouvrage répond également à des questionnements courants : qui contrôle le jeu politique ? Quel est le degré de contrôle des citoyens sur les dirigeants politiques ? Sujet largement controversé et non résolu, néanmoins tout dépend de l’expérience démocratique du pays et des outils nécessaires dont disposent les citoyens pour être mieux informés et plus rationnels.
Cet ouvrage pose également le problème de la corruption et du clientélisme. Un thème récurrent qui butte actuellement sur la difficulté à trouver des stratégies crédibles pour s’attaquer aux illégalités des élites politiques et économiques. Ce qui revient à s’interroger sur la manière de mesurer la légitimité des institutions politiques, et à comprendre les raisons de cette défiance à l’égard du personnel politique. Notons que les médias, quant à eux, s’insèrent activement dans ce jeu politico-économique.En effet, en démocratie on ne dit plus « un homme, une voix », mais « un homme informé une voix » tant le rôle des médias est devenu prépondérant. Alors se pose la question vitale : quels sont les enjeux du financement des médias en démocratie ?
Par la suite, l’ouvrage analyse la diversité des préférences politiques et les possibilités de les concilier s’il advient qu’elles soient contradictoires. Enfin il étudie les moyens de mobiliser les exclus du jeu politique et de remédier à une forte inégalité sociale qui pourrait conduire à de mauvais choix institutionnels et politiques.
Cette publication de « Regards croisés » à prétention pédagogique met en perspective la pertinence d’un regard multidisciplinaire pour mieux appréhender les faits qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux.
La Découverte, 2016
226 p. – 16 €