Richard Amalvy revient sur le malheureux décès de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, qui a marqué l’esprit des Français et s’interroge sur la question de la subsidiarité environnementale.
Le décès accidentel de Jean-Mathieu Michel, maire de Signes, a mis en lumière le problème des décharges sauvages. Pas seulement. Cette mort absurde soulève aussi la question de la subsidiarité environnementale.
Un maçon de 23 ans et un apprenti de 20 ans, étaient en train de déverser des gravats sur un chemin privé bordant une route départementale sur laquelle le maire de Signes (Var) circulait avec des amis. Très engagé sur les questions environnementales, l’édile s’est arrêté pour rappeler la règle aux deux jeunes artisans. Une dispute s’en est suivie. Et quand le maire leur a demandé d’attendre la police municipale pour être verbalisés, ils ont tenté une manœuvre pour partir, écrasant mortellement l’élu qui se trouvait derrière le véhicule.
On aimerait savoir qui sont ces deux jeunes gens. Car comment ignorer l’enjeu écologique quand on a 20 ans ? Les images de non respect de la nature inondent les médias et les réseaux sociaux. C’est une lutte quotidienne, qui passe par des gestes aussi simples que le tri sélectif des déchets domestiques, par le fait que l’on ne jette pas son paquet de clopes et ses mégots par la vitre d’une voiture. Le pêcheur à la ligne et le cueilleur de champignons se lamentent de voir les espaces naturels souillés par les buveurs de soda et les adeptes des fast-foods qui visitent les bords des rivières et les lisières des forêts. Dans certains quartiers, les altérations à l’environnement se lisent, aussi, comme des signes de sous-développement.
Si la République est une communauté de destin, l’avenir se prépare par l’éducation, notamment à la convivance, pour forger une conscience citoyenne du respect et de la responsabilité.
Le drame de Signes a, une fois encore, montré le désarroi des élus locaux face aux incivilités et à l’inconscience.
Cette communauté de destin, c’est au plus proche des citoyens qu’elle doit s’imaginer : le niveau de la commune, en milieu rural, celui du quartier et de l’arrondissement en milieu urbain. C’est une affaire de subsidiarité et la modernité de notre époque pourrait être plus communale.
Pour la philosophe Chantal Delsol : « Dans une société de subsidiarité, les tâches du « bien commun » ou de l’intérêt général, sont l’affaire de tous. On peut dire que le principe de subsidiarité désétatise le bien commun comme finalité du politique. Ou encore, il refuse d’étatiser la politique : chaque citoyen, chaque personne morale, peut devenir acteur de l’intérêt général ».
L’État-Providence, clientéliste, déresponsabilise les citoyens, les réduit à leur état de consommateurs.
Ainsi va, le jeune de 20 ans qui pense que le cantonnier municipal est le responsable des gravats qu’il dépose à ciel ouvert : « Quelqu’un s’en chargera ».
Parce qu’elle est systémique et globale, et parce qu’elle touche au bien commun fondamental, la question environnementale est donc subsidiaire et c’est en ce sens que les élus locaux, dans une république vue comme une communauté de destin, doivent être, comme Jean-Mathieu Michel, aux avant-postes des politiques environnementales pour créer et maintenir des cadres de vie apaisés et apaisant, et concourir ainsi au développement social et culturel que promet le pacte républicain.
L’État français, doit abandonner sa culture colbertiste et jacobine à chaque fois que par subsidiarité des acteurs au plus proche des problèmes sociaux et environnementaux peuvent agir mieux que lui.
Le drame de Signes invite à imposer l’écologie dans les apprentissages fondamentaux et à revoir notre logiciel politique et administratif pluri centenaire en ce qui concerne la relation entre l’État et les pouvoirs locaux.
Richard Amalvy
Consultant international en Affaires publiques, Stratégie et Communication